fragment flottant
jeu de dédoublement
suspension temporelle
interstice du langage
ici les phrases s’arrêtent
poétique de l’absence
j’écris mais l’écriture me regarde à distance
le mot se pose sur la feuille et aussitôt s’évanouit le blanc le reçoit je regarde la lumière tomber sur le verre et le silence parle à ma place ici chaque lettre est un souffle suspendu un secret invisible le temps fuit entre mes doigts je ne peux retenir que l’ombre des phrases je dis un nom et il se retire à mi-chemin entre le souffle et l’air les lignes se plient et se déplient sans fin et moi je marche entre elles la page est pleine et pourtant vide tout est là et rien n’est dit un mot tombe sur un autre et ils hésitent avant de s’unir ou de se perdre la lumière des mots éclaire ce qui n’existe pas encore je tends l’oreille au silence et il me répond par des lettres invisibles le souffle des phrases devient paysage et je m’y promène sans toucher le sol chaque virgule tremble avant de disparaître dans l’oubli du texte les lettres s’écartent comme des vagues et le sens s’y noie je trace un mot mais il se détache de ma main et flotte dans l’air la page est une mer et les phrases des poissons translucides je prononce le nom et il revient transformé comme un écho muet tout est à la fois là et déjà parti le blanc retient ce que la langue abandonne je touche les mots mais ils glissent à travers moi comme l’eau le texte respire seul et je marche dans ses intervalles l’absence parle plus fort que la lettre et le souffle devient écriture
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