comment quelqu’un peut il
devenir un penseur s’il ne passe pas au moins le tiers
de sa journée
sans passions
sans hommes et
sans livres
?
un peu
de santé par ci par là
c’est pour le malade le meilleur remède
trois bonnes choses
la grandeur le calme et la lumière du soleil
la grande trinité de la joie
le voyageur marche sans carte
chaque pas défait une certitude
chaque halte laisse tomber
un mot devenu
trop lourd
il n’avance pas vers un but
mais vers une clarté mobile
une lueur qui change à mesure qu’on s’en approche
son ombre ne le précède ni ne le suit
elle respire avec lui
Parfois elle murmure
parfois elle se tait
parfois elle s’allonge jusqu’à devenir pensée
le voyageur sait que sans elle
il marcherait trop vite
et se perdrait dans sa propre lumière
le monde n’est plus une réponse
mais un passage
les idées traversent comme des paysages
certaines nourrissent
d’autres fatiguent
aucune ne retient
il ne s’attache pas
il apprend à laisser passer
il marche dans le flux verbal
là où les mots ne fixent plus mais ouvrent
dire ce n’est plus nommer c’est laisser couler
haque phrase est un pas
chaque silence un carrefour invisible
Parfois le voyageur s’arrête
non pour comprendre
mais pour sentir le poids juste de ce qui est
alors l’ombre devient claire
et la clarté devient douce
il sait désormais
que penser
n’est pas posséder
une vérité
mais demeurer
assez léger pour qu’elle passe
à travers soi
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