elle cherche
les mots d’
une phrase perdue
une phrase du temps
où elle vivait de son travail
voici
des ruines
combien pénibles à franchir
l’amoncellement
de pierres
voici
qu’il forme rivière à traverser
et
le lit de l’eau craque
et
murmure
je suis
debout les astres m’accompagnent
une chenille
est là qui me guide sur le chemin
je sens
l’odeur du jasmin sur mes mains
*
son Public
est Midi
sa Providence
le Soleil
son progrès
l’Abeille
le proclame
en Musique Soutenue
royale
dans
le cercle du cercle
est le cercle
est le contenu du cercle
endormi
dans l’abeille
*
Miroir vide
Kenneth Rexroth
Tant que nous vivons perdus
Dans le règne de la finalité
Nous ne sommes pas libres. Je m’assois
Dans ma cabane de dix mètres carrés.
Chant des oiseaux. Bourdonnement des abeilles.
Frémissement des feuilles. Murmure
De l’eau sur les rochers.
Le canyon m’enserre.
Au moindre geste, la grenouille de Basho
Sauterait dans la mare.
Tout l’été les feuilles dorées
Des lauriers ont virevolté dans l’espace.
J’ai remarqué aujourd’hui
Qu’une feuille d’érable flottait
Sur la mare. Dans la nuit
Je reste à fixer le feu.
Je voyais autrefois des cités de feu,
Villes, palais, guerres,
Aventures héroïques
Dans les feux de camp de la jeunesse.
Je ne vois plus qu’un feu désormais.
Ma poitrine bouge tranquillement.
Les étoiles bougent là-haut.
Dans l’obscurité transparente
Un dernier tison rougeoie
Parmi les cendres.
Sur la table,
il y a
une peau de serpent
Desséchée,
une pierre brute.
*
l’arbre
la lampe
l’arbre dans l’arbre
l’été
l’oiseau
le chant de l’oiseau
le rouge
illumine et disperse
loin
le charroi de l’antique
fragile pays la flamme
une
lampe
que je porte
le sommeil
dans
la sève
monde
simple
le battement
de l’âme partagée
moi aussi
j'aime l’instant
où la lumière des lampes
se décolore et rêve dans le jour
il y a
cet autre jour
millénaire de désirs et de peine
entre ciel et sentier
l’herbe gelée sous un vent blanc
et dans les yeux
de longues histoires d’aveugles
ailleurs
un azur impeccable
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