c’est la marge qui fait tenir le mystère
le mystère ne vit jamais au centre trop exposé trop défini il naît dans les bords dans les zones en retrait où le regard ne s’attarde pas où le sens se forme sans se figer
la marge est cet espace mince et pourtant essentiel où quelque chose échappe toujours où le visible laisse place à l’indicible
dans la marge le réel respire autrement il se défait de ses contours rigides il laisse affleurer ce qui na pas encore de nom ce qui hésite entre apparition et retrait
la marge
est le lieu des possibles
c’est là que le sens se prépare
demeure se transforme
le mystère ne tient que parce qu’il reste en partie voilé et ce voilement habite précisément la marge cette frontière mouvante entre le clair et l’obscur entre ce que l’on sait et ce que l’on pressent dans le cœur des choses
sans marge tout serait exposition totale transparence forcée et la transparence absolue tue le mystère le réduit à une mécanique plate alors que la marge en préserve la profondeur la vibration la vie
c’est la marge qui tient le mystère comme une couture fine tient ensemble deux tissus différents sans elle tout se déferait ou tout serait trop collé trop explicite
la marge
est la condition du secret
elle en est
la respiration la protection
et la promesse

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