la cible des ... comme
retrouver la musique lente et méditative de Proust
sa syntaxe en volutes sa façon d’éclairer le monde par comparaisons infinies
voici une liste de 24 énoncés chacun commençant par
comme
comme un parfum qui revient avant qu’on se souvienne
d’où il vient
comme la lumière d’un après-midi d’enfance qu’on croit reconnaître
sur un mur étranger
comme un mot ancien qui s’ouvre soudain dans la bouche
chargé d’un passé que l’on n’a pas vécu
comme un pas dans le couloir d’une maison
disparue
comme un verre d’eau qui garde le reflet d’un ciel
que l’on ne regarde plus
comme le silence après le départ d’un être aimé
plus éloquent que la parole
comme un livre refermé dont une page continue à battre
sous la couverture
comme une porte qui se souvient du geste de la main
qui l’a ouverte
comme un rayon de soleil sur une nappe déposant un peu d’éternité
sur la banalité du repas
comme le goût d’un fruit qui ramène tout un été
dans la bouche
comme un visage entrevu dans un miroir de train
et qu’on croit avoir aimé
comme le vent dans les rideaux la respiration
invisible du temps
comme la poussière sur un cadre, souvenir de ce qui
n’est plus regardé
comme un nom prononcé par hasard et qui fait
trembler le présent
comme une chambre d’hôtel où l’on croit avoir
déjà dormi
comme une photographie effacée qui retient encore
la chaleur d’un regard
comme une pluie qui tombe avec la même lenteur que
le souvenir revient
comme le tic-tac d’une horloge qui continue
sans témoin
comme la mer qui efface chaque empreinte sans jamais
cesser de recommencer
comme un sourire entre deux
absences
comme une lettre retrouvée dans un livre où l’on reconnaît
l’écriture d’un autre soi
comme un parfum sur une écharpe oubliée prolongement
d’un corps passé
comme une lampe qu’on éteint, laissant derrière elle
un cercle de mémoire
comme un rêve dont on se réveille en ayant l’impression
d’avoir vécu une autre vie
*
fragment continu
entièrement dépouillé de ponctuation
comme si
la pensée se déployait en un flux de conscience pur
de la continuité des instants
comme un parfum qui revient avant qu’on se souvienne d’où il vient comme la lumière d’un après-midi d’enfance qu’on croit reconnaître sur un mur étranger comme un mot ancien qui s’ouvre soudain dans la bouche chargé d’un passé que l’on n’a pas vécu comme un pas dans le couloir d’une maison disparue comme un verre d’eau qui garde le reflet d’un ciel qu’on ne regarde plus comme le silence après le départ d’un être aimé plus éloquent que la parole comme un livre refermé dont une page continue à battre sous la couverture comme une porte qui se souvient du geste de la main qui l’a ouverte comme un rayon de soleil sur une nappe déposant un peu d’éternité sur la banalité du repas comme le goût d’un fruit qui ramène tout un été dans la bouche comme un visage entrevu dans un miroir de train et qu’on croit avoir aimé comme le vent dans les rideaux respiration invisible du temps comme la poussière sur un cadre souvenir de ce qui n’est plus regardé comme un nom prononcé par hasard et qui fait trembler le présent comme une chambre d’hôtel où l’on croit avoir déjà dormi comme une photographie effacée qui retient encore la chaleur d’un regard comme une pluie qui tombe avec la même lenteur que le souvenir revient comme le tic-tac d’une horloge qui continue sans témoin comme la mer qui efface chaque empreinte sans jamais cesser de recommencer comme un sourire entre deux absences comme une lettre retrouvée dans un livre où l’on reconnaît l’écriture d’un autre soi comme un parfum sur une écharpe oubliée prolongement d’un corps passé comme une lampe qu’on éteint laissant derrière elle un cercle de mémoire comme un rêve dont on se réveille en ayant l’impression d’avoir vécu une autre vie comme si la mémoire respirait encore dans les objets muets comme le temps qui ne passe pas mais se replie en soi-même comme une pensée qui revient sans mot mais avec sa lumière comme une ombre qui sait mieux que nous où nous avons été comme un instant qui se reconnaît dans un autre à distance d’années comme si la vie au fond n’était qu’un seul souffle découpé en apparences comme la musique d’une phrase qu’on entend avant de la comprendre comme une larme suspendue au bord de l’éternité comme la vérité qui se dissimule sous le voile du familier comme un regard qui survit à son visage comme le passé tapi dans chaque geste du présent comme une fenêtre ouverte dans un rêve le réel entre timide comme un silence plus éloquent que mille souvenirs comme la beauté toujours au bord de se dissoudre dans la fatigue du monde comme si chaque seconde contenait toutes les autres en secret comme la trace d’un mot sur une page qu’on a voulu effacer comme la paix qui suit l’épuisement du désir comme un fil de lumière entre deux époques de soi comme une chambre vide qui continue à penser à celui qui y dormait comme le battement d’un cœur qui se souvient d’un autre cœur comme une main posée sur la vitre du temps comme la joie indissociable de sa disparition comme un miroir où ce n’est plus soi qu’on reconnaît mais le passage comme si à la fin rien n’avait eu lieu sinon le frémissement d’être
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