cette coulée muette avant la conscience cette durée sans regard ni témoin le paradoxe de l’ancestralité ronge la pensée comme une eau souterraine comment dire qu’il y a eu un avant sans bouche pour le dire sans pensée pour le compter sans mémoire pour le retenir car le temps n’existe peut-être que dans la pensée du temps et pourtant les montagnes se sont levées les océans se sont ouverts la lumière a voyagé dans le vide avant que l’œil ne la nomme
le monde a respiré sans savoir qu’il respirait alors le vertige commence car si le temps précède la conscience alors la pensée n’est qu’un écho tardif une ride sur la surface du réel mais si le temps n’existe qu’à travers nous alors le monde entier s’effondre avant le premier regard
nous sommes pris entre ces deux abîmes la matière sans esprit ou l’esprit sans matière et dans cette fracture nous essayons d’habiter un instant de dire je suis dans ce qui fut toujours déjà là de parler dans un silence plus ancien que le mot même de présence et dans le battement du sang nous entendons encore la longue durée des pierres qui nous précède et qui continue sans nous

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