Ph. S.
forcément cela correspond à une période de ma vie
j’ai écrit Drame en 1963-1964 donc j’avais 27-28 ans
c’est un livre auquel je tiens beaucoup
parce que je crois que c’est là où
je commence vraiment à dire les choses
le Parc c’est encore un peu une aquarelle
or là phénoménologiquement j’en suis assez content
c’est-à-dire que je m’intéresse aux choses mêmes
et je l’ai écrit en même temps que
j’ai écrit mon premier texte sur Dante
il y a déjà la pensée indienne certainement
il y a l’Inde il doit y avoir la Chine…
et l’exergue d’Empédocle si je me souviens bien
le sang qui baigne le cœur est pensée
les exergues sont très importants.
je n’ai pas mis l’auteur exprès
pour montrer qu’il n’y a aucun nom que c’est déjà un acte
d’appropriation pour montrer que tout cela marche ensemble
sans que cela ait besoin même d’être classé
c’est la définition de ce que l’on pouvait faire
dans Paradis en mélangeant aussi les noms mais sans majuscules
c’est-à-dire que tout cela c’est un même tissu
tout ce qui a été écrit tout ce qui a été pensé tout ce qui a pu se dire
c’est un unique tissu
tout est déjà écrit ou à réécrire sans arrêt
c’est pour montrer que la vie
ce qu’on appelle la vie en fait c’est cela
rien d’autre
cela aussi encore est très à contre-courant
parce que ce n’est pas la story
le film la bande dessinée le roman…
donc c’est une expérience très radicale
avec vraiment une structure la scène du jeu etc.
extrait de
Philippe Sollers et le dépassement du roman
entretien avec
Irène Salas paru dans la revue L’Infini numéro 83
Gallimard,
été 2003
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