et
cette nuit-là
il n'était pas question
de lune ni d'autre lumière mais ce fut
une nuit d'écoute
une nuit donnée
aux menus bruissements et soupirs
qui agitent les petits jardins de plaisance la nuit faits du timide sabbat des feuilles et des pétales et de l'air qui y circule différemment qu'ailleurs où il y a moins de contrainte et différemment que pendant le jour qui permet de surveiller et de sévir et d'autre chose encore qui n'est pas clair n'étant ni l'air ni ce qu'il meut
c'est peut-être
le bruit lointain toujours le même que fait la terre et que les autres bruits cachent mais pas pour longtemps
car
ils ne rendent pas compte de ce bruit qu'on entend lorsqu'on écoute vraiment quand tout semble se taire
et
il y avait un autre bruit celui de ma vie que faisait sienne ce jardin chevauchant la terre des abîmes et des déserts
oui
il m'arrivait d'oublier non seulement qui j'étais mais que j'étais d'oublier d'être
alors
je n'étais plus cette boîte fermée à laquelle je devais de m'être si bien conservé mais une cloison s'abattait et je me remplissais de racines et de tiges bien sages par exemple de tuteurs depuis longtemps morts et que bientôt on brûlerait du campos de la nuit et de l'attente du soleil et puis du grincement de la planète qui avait bon dos car elle roulait vers l'hiver l'hiver la débarrasserait de ces croûtes dérisoires
ou
j'étais de cet hiver le calme précaire la fonte des neiges qui ne changent rien et les horreurs du recommencement
mais
cela n'arrivait pas souvent la plupart du temps je restais dans ma boite qui ne connaissait ni saisons ni jardins.
et
ça valait mieux
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