Proust est merveilleux
je souscris
mais quelle est cette
merveille
?
c'est
l'expérience intérieure
les arbres
s’approchent au plus près
puis s’en vont
ou plutôt
c’est
le narrateur qui s’en va
emporté par ladite
calèche
et par la vie
lorsque la calèche s’éloigne
le narrateur a la sensation poignante de les abandonner
comme des morts laissés
sans sépulture
et de fait ces trois arbres vont rester plantés au beau milieu de La Recherche sans avenir sans résolution ils ne réapparaîtront pas parmi les épiphanies du Temps Retrouvé resteront hors de toute téléologie ou synthèse réconciliatrice
c’est
une reconnaissance
définitivement manquée
une occasion
qui n’aura pas été saisie
Proust le dit d’emblée
et le souligne :
en effet si dans la suite je retrouvai le genre de plaisir et d’inquiétude que je venais de sentir encore une fois, et si un soir — trop tard, mais pour toujours — je m’attachai à lui, de ces arbres eux-mêmes en revanche, je ne sus jamais ce qu’ils avaient voulu m’apporter ni où je les avais vus
sans chemin
sans issue
***
chacun connaît
le sentiment d’avoir oublié
quelque chose dans sa vie consciente
quelque chose
qui est resté en route
et qui n’a pas été tiré au clair ...
lorsqu’on quitte
une chambre
qu’on a longtemps habitée
on jette
un regard bizarre
autour de soi avant de partir
là aussi
quelque chose est resté
dont on n’a pas eu
idée
on l’emporte néanmoins avec soi
pour recommencer
ailleurs
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