L’Histoire
ça n’existe pas
il n’y a que des histoires
y compris au sens où l’on dit familièrement :
Tout ça
ce sont des histoires…
Souvenirs doublés d’oublis, parcellaires et chaotiques comme tout ce qui émane des cervelles humaines. Récits. Archives – lesquelles ne sont que des histoires tamponnées d’une date précise. Publications. Polémiques. Images – lesquelles ne sont que des reflets fragmentaires et figés de la vie vécue, dénués a priori d’autre sens que celui, purement technique, de leur cadrage (borné, par définition) ; contrairement aux mots qui vivent en secret de toutes les significations qui les ont imprégnés au cours des siècles, les images sont mortes et muettes, leurs significations leur sont toujours attribuées de l’extérieur, y compris par ce type particulier d’histoires qu’est la technique du montage des images et du son.
Or
l’immense majorité
des histoires est toujours teintée
voire imbibée
d’idéologie
Une idéologie, quelle qu’elle soit, est un système dogmatique plus ou moins élaboré – parfois très élaboré – d’associations d’idées réflexes et répétitives qui s’appliquent uniformément à toutes les situations humaines que ce système décide, à partir de ses propres présupposés souvent inconscients, de confondre, d’associer, ou d’opposer…
Le problème avec les histoires, c’est qu’elles méconnaissent les abyssales turbulences régissant les vies des hommes, leurs existences, leurs actes, leurs pensées, leurs drames et leurs extases, toute cette trame arbitraire, indémêlable, infiniment complexe, que des esprits paresseux qualifient d’« Histoire » et à laquelle ils s’imaginent assister comme, depuis un fauteuil molletonné, des spectateurs à une séance de cinéma.
Quant à ce qui arrive en ce moment en Israël, à Gaza, en France et ailleurs – ce qu’on appelle l’« Actualité » –, il en va de même que l’Histoire.
L’Actualité
ce n’est que l’Histoire
qui n’existe pas
en train de ne pas avoir lieu
Stéphane Zagdanski
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