Écoute les Sons de la Vie
Je suis tout ouïe
J’écoute avec les yeux
J’écoute
ce que
je vois
sur les publicités
et les gros titres des journaux
et les affiches
et les panneaux de la ville
Je voyage
à travers
une ville
de mots et de voix
Les voix font vibrer l’air
et atteignent mon cerveau
par l’oreille interne
changées en impulsions nerveuses
J’entends
les mots en passant
ou quand quelqu’
un reste
un moment
à côté de moi
en parlant dans
un téléphone portable
ou
je les lis
n’importe où
sur n’importe quelle surface
vers laquelle mon regard se porte
chaque écran
Les mots écrits me parviennent comme des voix,
des notes que je déchiffre
sur
une partition
cherchant parfois
à distinguer plusieurs mots prononcés simultanément
à deviner ceux que je n’entends pas
parce qu’ils s’éloignent très vite de moi
ou qu’
un bruit
plus fort les efface
Les différences
entre les typographies forment
une
incessante
polyphonie visuelle
Je suis
un enregistreur
en marche
caché dans le téléphone futuriste
d’
un espion des années 1960
dans l’iPhone
que j’ai au fond de ma poche
Je suis
la caméra que voulait être
Christopher Isherwood à Berlin
Je suis
un regard
qui refuse de se laisser distraire
même par
un clignement des paupières
La forêt a des oreilles
dit la légende au bas d’
un dessin
de Jérôme Bosch
Le champ a des yeux
À
l’intérieur du tronc creux
d’
un arbre
fulgurent
les yeux jaunes d’
une chouette
un arbre
corpulent a deux oreilles
grandes
comme celles
d’
un éléphant
qui
touchent presque
le sol
une sculpture
de
Carmen Calvo
est
un immense
et vieux portail en bois
clouté d’yeux de verre
Les portes ont des yeux
Les murs entendent
Les prises de courant entendent
dit Gómez de la Serna
mon cœur bat pour battre ma main écrit pour écrire est-ce que je sens un devoir oui pourquoi je ne sais pas j’ai été mis là pour ça pas la peine d’en demander davantage fais ta journée subis ton usure ne discute pas inscris-le tant que tu en as la force tais-toi tu peux toujours te taire un peu plus et encore un peu plus toujours plus de telle façon que le trou s’élargisse en toi venant du vrai dehors qui te porte en soi malgré toi...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire