c’est
ainsi qu’il n’y a
pas
de fin
à nos jours
le fil
de l’intrigue n’existe
pas
les pistes
des grèves
des oiseaux des arbres
des hommes et des bêtes divergent dans le temps
se brouillent dans l’espace
se perdent dans la mort
Il me semble qu’à la fin de mes jours, de mes livres, de mes spectacles, à force de se dérouter des routes, de se dévoyer des voies, des sentiers, des sentes, la trace que creusaient mes pas ne se distinguait plus de la forêt elle-même.
C’est le fragment LXXI d’Héraclite
Celui
qui oublie où conduit la route arrive
sans fin.
Par la bonté de la brume qui monte sous le premier rayon qui en rencontre l’eau et lui adjoint ce peu de tiédeur qui l’échauffe, par la bonté de la rosée qui s’y dépose, se lève l’odeur merveilleuse, chaque matin, de la terre mouillée.
Et sur les bords de l’Yonne la senteur de la vase dans les mousses que la clarté touche, entre les mentes, dans les joncs.
À midi, la terre jusque là humide et noire est redevenue sèche et presque blanche. Je pousse la grille. Le pied nu, en se posant sur elle, la craquèle, la morcèle, la divise, et aussitôt en fait une sorte de poudre. C’est un sable doux qui est tiède sous la plante du pied qui s’enfonce. Puis qui y délivre son empreinte quand il se retire. On lève les yeux. C’est le soleil tout rond, l’étoile invraisemblable à laquelle on doit tout, qu’on ne peut même pas fixer. Héraclite écrit dans le fragment III : Le soleil pas plus large qu’un pied d’homme (podos anthrôpeion).
notre corps
en vieillissant subit
une métamorphose
qui se fait de plus en plus précise
nous sommes comme
une photographie
qu’
on pose
sur
une flamme
Nous ne connaissons pas d’autre énigme que la vie elle-même émouvant notre corps. »
La vie n’est pas une biographie
Galillée
2019
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