Lu Yu
un vieil homme
allant sur ses soixante-dix ans
en fait
tout pareil
à
un enfant
qui cherche
en sanglotant les fruits des monts
qui suit
en éclatant de rire les mimes des villages
ravi d’ajouter
avec d’autres des tuiles sur le stupa
debout seul
se mirant
dans
un petit bassin
qui prend
entre ses doigts
un livre usé à lire
embrouillé comme
s’il allait étudier à l’école
courir après des insectes
récolter des cailloux
lire continuellement
au lieu d’agir
qui semblent insanes
qui
a perdu son bon sens
fou
qui
est contraire au bon sens
à la raison
passé
un certain âge
le sont beaucoup moins et peut-être pas du tout
si l’on admet que le passé
demeure présent à chaque instant
et ne s’éloigne
ne passe qu’autant qu’il a trouvé
son achèvement
c’est parfois le cas et alors on est quitte
disponible pour des tâches nouvelles
actuelles
mais il arrive
et c’est le plus souvent
au commencement
que notre ignorance
notre incurie
nous empêchent d’obtenir
ce qui nous est très manifestement destiné
nécessaire
salutaire
on ne coupera pas au dépit
à la tristesse
mais si l’on est incapable
d’intercepter les merveilles qui passent
et que les adultes ne voient rien
ne font rien qui vaille
on a toujours la ressource de confier
à celui qu’on sera peut-être devenu
à son tour
plus tard
le soin de réparer les dommages et les pertes
qu’on a essuyés d’emblée
de lui à nous
il existe
une continuité essentielle
et c’est
le temps
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