Entre conte, prose poétique et roman, Ariane Jousse – qui définit elle-même son ouvrage comme « une forêt » – signe un premier texte d’une grande force sur les figures de l’exil, une quête poétique sur la nécessité du départ, du mouvement et, de là, de l’hospitalité.
La Fabrique du rouge interroge avec beaucoup de finesse la nature même du récit de l’exil :
comment le dire,
comment en restituer la puissance épique ?
Est-ce même possible ?
Ainsi libre.
Libre et désirer.
Désirer –
à Naples,
la bruine mêlée de fuel
à Tours,
l’eau bouillonnante de la Loire au pied
des maisons blanches
à Achères,
dans la grande gare industrielle,
les dizaines de rails et les trains abandonnés – depuis le RER,
guettés, scrutés douloureusement
Désirer –
à Naples,
le rouge l’air chaud
la violence folle du regard et les rires
Naples où marcher des heures,
Mergellina puis via Posillipo, avec la mer en bas,
Capri au loin,
et l’île secrète cachée derrière
Pozzuoli.
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