je m’ouvre
comme des mains d’aveugle
je sens
les choses exister hors de moi
j’assimile
la répétition des gestes
et des situations comme moyen d’abolition
je
dessine
dans l’air
un mouvement répété
je touche à ma septième année
je peins
des taches bleu sombre
je montre
des choses admirables
sans avoir la moindre conscience
des dimensions de son
œuvre
j’espère
cette lecture
simultanée de l’espace
je ne retournerais pas
mon horloge
de verre
j’imagine
un portrait anonyme
je me contente de cheminer en moi
j’ai vécu la vie tout entière à aimer la terre
je redoute
toute la nuit l’immobilité la plus
absolue
je m’enfonce
dans les pires cauchemars
je me perds
avec des cris de désespoir
j’imagine
un jeu
ridicule et monstrueux
je vais
au-delà de la peur au-delà de la fuite
en pleine nuit
j’anticipe
le désir
lancinant de me retrouver
seul
je repousse
des envies de fuir
j’espère
la surprise
et
un grand ravissement
avec
Liminaire
je me promène
je m'arrête
pour regarder le soleil
je
brûle
comme
un feu sous la cendre
je
touche
à ma soixantième
année
je
suis
tiré de mes
réflexions par
le gazouillement
d'
une grive
je perds
l’habitude de
croire au monde extérieur
je suis peut-être
le seul homme au monde
j’attends à l’affût comme toujours
je veux
regarder en l’air
je pense
expier mes mauvais rêves !
je
contemple
au-dessus de moi
un ciel
qui s’écrase
contre ma nuque et mes épaules
je prends conscience
de l’impression de douleur causée par
cette perte
j’attends demain
pour tenter à nouveau quelque chose
je commence le livre actuel
je me maintiens
au bord de l’eau
au bord du rêve
je ressens comme une somnolence
je
ne sais
pas
comment l’expliquer
je crois
que c’était soudain
comme
un vent
une liberté
qui me prenait par la main
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