Les hommes profondément blessés par la vie ont jeté la suspicion sur toute gaieté, comme si elle était toujours enfantine et infantile et trahissait une déraison dont la vue ne pourrait susciter que pitié et attendrissement, comme lorsqu'un enfant au bord de la mort cajole encore ses jouets sur son lit.
De tels hommes voient sous toutes les roses des tombeaux cachés et dissimulés; réjouissances, vacarme, musique joyeuse leur paraissent semblable à l'illusion volontaire du grand malade qui veut savourer une minute encore l'ivresse de la vie.
Mais ce jugement sur la gaieté n'est rien d'autre que sa réfraction sur le fond obscur de la lassitude et de la maladie: il constitue lui-même quelque chose d'attendrissant et de déraisonnable qui appelle la pitié, et même quelque chose d'enfantin et d'infantile, mais de cette seconde enfance qui suit la vieillesse et précède la mort.
*
Et c'est ici que réside le paradoxe:
Figaro est heureux mais heureux de rien, du moins de rien de particulier.
Son bonheur est sans raison et sa réjouissance sans fondement, aux limites donc de l'absurde. C'est pourquoi cette joie de vivre (...) s'accorde avec une formule d'origine chrétienne, formule qui continue à faire scandale au sein de la chrétienté: Credo quia absurdum - je crois parce que c'est absurde.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire