Ainsi se déroula la mort
le monde était lanterne pour mes yeux
le jour n'est que nuit dans ta distance
les heures entières se brisent
11 février mort d'Amélia Rosselli
*
L’œuvre poétique d’Amelia Rosselli est marquée par un rapport fondamental à la langue et à la culture française : un lien aussi fort, peut-être, que celui qui l’unit à l’anglais. De ses débuts en 1952 jusqu’à ses derniers poèmes, parus à titre posthume, son écriture reflète en permanence cette situation « entre les langues ». Sa langue n’est pas simplement l’italien mais un « ydioma tripharium » inextricablement lié à son parcours biographique.
Que c’est drôle je parle et je parle avec le moi-même
en me disant que c’est beau le ventre le bras nu
d’une femme même d’un homme
et les énormes arbres du quartier gras.
Gentiment gentiment pousse-t’il la bicyclette
muette. Sa femme cherche une pharmacie elle est de très mauvaise
humeur il pousse la bicyclette-bonheur ;
bonheur bonheur retrouve-moi sous les pieds des géantes
marines aux pieds des géantes
femmes aux bras tendus flaccides
du quartier gros, promène-toi à la table avec la bouteille de bière
en face, brune.
1954
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire