l’image est un modèle de la réalité
mais un modèle sans garantie
comme une carte dessinée à même le vent
comme une carte dessinée à même le vent
elle retient une forme un rythme un agencement des choses qui semble juste au moment où l’œil se pose
puis déjà le monde a changé
on croit y voir une réduction fidèle, un schéma où chaque élément trouverait sa place, mais l’image ne fait qu’effleurer ce qu’elle prétend saisir
elle isole simplifie oriente et c’est peut-être là sa fonction montrer moins pour permettre de voir autrement
dans l’image le réel se déprend de lui-même
il abandonne le bruit la durée les couches superposées d’incidents minuscules
il ne reste qu’un état un instant choisi qui n’a pas la prétention d’être tout mais seulement d’exister comme repère
alors on comprend que le modèle n’est pas copie mais acte
un geste qui construit une version praticable du réel une manière de l’approcher sans s’y perdre
dans
cet appauvrissement
il y a peut-être une forme de vérité
celle qui naît quand le monde
réduit à sa ligne essentielle
devient soudain
lisible

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