le feu juge
non comme une loi imposée
mais comme la manifestation d’une force attentive
qui traverse et éclaire
qui décide par sa seule présence
la foudre ne choisit pas sa cible
elle se déploie frôle frappe
et dans ce geste fulgurant
elle révèle la structure des choses
la tension des corps la fragilité des lignes
le feu lui juge
il consume ou il préserve
il révèle ce qui peut tenir
et ce qui ne résiste pas
sans appel ni rancune
simplement selon sa nature
il y a là un équilibre
la soudaineté et la force de la foudre
rencontrent la lenteur et la justesse du feu
et ce dialogue sans voix
trouve son ordre dans l’effet produit
dans la clarté des transformations
ainsi gouverner et juger
ne signifient pas commander le monde
mais indiquer préciser
montrer la cohérence des forces
dans leur éclat et leur intensité
sans que l’esprit humain ait besoin de les réduire
les saisons apportent
le soleil est nouveau chaque jour
réinvention silencieuse
chaque matin dépose sa lumière
différemment sur les formes
sur les corps sur les pierres
et même ce que l’on croyait familier
devient légèrement étranger
prêt à être perçu de nouveau
les saisons ne dictent pas
elles modulant l’intensité
le rythme la couleur
et dans cette modulation
le monde se révèle vivant
toujours changeant toujours possible
le soleil qui naît chaque jour
n’est pas un retour exact
mais une variation sur le même thème
un éclat qui traverse le déjà-vu
pour en montrer l’imprévu
ainsi observer le jour et la saison
c’est accueillir le mouvement subtil
de ce qui persiste et de ce qui s’invente
c’est mesurer la continuité
sans perdre le goût de la nouveauté
c’est apprendre à rester attentif
à la forme toujours neuve
de ce qui existe
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