parmi tous les textes bibliques Jean est le plus poétique le plus métaphysique le plus lumineux et aussi celui qui a été le plus rapproché des traditions gnostiques sans être lui-même gnostique
Sollers y trouve
une vision du monde comme lumière
une révélation intérieure
la primauté du verbe
une métaphysique de la joie
une écriture ouverte musicale aérienne
Au commencement était le Verbe
l’axe fondamental de Sollers
la première phrase de Jean est le pivot de l’écriture sollersienne
le Verbe est avant le monde
le Verbe fait le monde
le Verbe éclaire le monde
pour Sollers écrire consiste à rejoindre cette origine à se tenir au plus près du Verbe créateur et à renaître dans cette source à chaque phrase
Sollers avec Jean
le langage est métaphysique
la lumière dans les ténèbres
la lumière brille dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas saisie
pour Sollers cette phrase décrit
la situation de l’art
la situation de l’écrivain
la situation de l’homme éveillé dans une époque confuse
la situation du réel dans la société médiatique
L’écrivain
est celui qui voit la
lumière dans le brouillard du monde
le réel absolu auquel l’époque ne comprend rien
le thème de la naissance nouvelle
Jean insiste
l’écriture est renaissance
l’amour est renaissance
la musique est renaissance
le rire est renaissance
il y a un mouvement incessant de naître à nouveau de sortir du temps de mort
de rejoindre la vie véritable
c’est l’un des axes les plus gnostiques de la vision sollersienne
la délivrance est un acte intérieur
Jean comme texte de la liberté
Jean ne parle presque pas de lois ni de règles
il parle de
liberté mouvement souffle
esprit transformation
amour
c’est exactement ce que Sollers cherche un christianisme non moral
non institutionnel puissant lumineux
musical
Jean est le contrepoison de la religion dogmatique
tout comme Sollers écrit contre les moralismes et les orthodoxies
le Christ de Jean non pas souffrance mais lumière
contrairement à la tradition doloriste
le Christ de Jean est maître de son destin
il n’est pas passif
il n’est pas écrasé par la souffrance
il est maître du temps
il agit dans une souveraine liberté
Le Christ de Jean correspond à
sa conception de l’artiste
sa conception du sujet libre
sa critique de la victimisation
sa célébration de la joie et de la beauté
l’amour comme dévoilement
Jean est l’apôtre bien-aimé
l’amour est central mais dans un sens très particulier
l’amour dévoile
l’amour résout
l’amour comprend
l’amour ouvre la vraie vie
chez Sollers l’amour possède exactement ce statut
il perce le voile
il brise le temps linéaire
il libère le sujet
il donne accès au réel
la musique des phrases comme acte spirituel
Jean écrit dans un style simple direct lumineux
avec une musicalité unique
Sollers
s’en inspire pour créer
une écriture
sans lourdeur
sans pesanteur
sans rhétorique
vibrante
ponctuée d’éclaircies
proche du souffle et du chant
la présence de l’Évangile de Jean chez Sollers
n’est pas décorative
elle structure profondément
sa vision du monde
sa manière d’écrire
sa conception du langage
sa métaphysique de la lumière
sa pensée de la liberté
sa critique de l’époque
Sollers fait de Jean non pas une autorité mais
un allié
un compagnon de clarté
une source de joie
un texte initiatique qui déchire les ténèbres modernes
Sollers est peut-être dans la littérature française moderne celui qui a le plus lu Jean comme écrivain
comme mystique du Verbe comme voix d’une lumière intemporelle
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