L O I R E
il est difficile
de se détourner
de l’eau qui bouge
les yeux apprennent la continuité avant le repos
chaque reflet déplace le jour d’un mot
je crois voir mon visage mais c’est le courant qui pense
la rive ne sait rien de la traversée
je reste là comme une phrase trop longue pour finir
l’eau bouge et emporte mes hésitations
le temps se tient à la surface il attend que je plonge
regarder c’est être emporté sans bouger
toute mémoire est une rivière que l’on ne quitte pas
l’eau qui bouge
capte le regard comme le temps capte la pensée
on ne peut pas s’en détourner parce qu’elle est le miroir de ce qui passe
elle parle aussi peut-être du désir
du flux des émotions des choses qu’on voudrait arrêter mais qui glissent toujours
se détourner de l’eau qui bouge
ce serait refuser la vie elle-même son instabilité sa beauté fugitive
c’est une image de la fascination du vivant
du devenir mais aussi de la difficulté à accepter la distance le détachement

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