cette idée qu’
il y a
une langue française
en dehors
des écrivains et qu’on protège
est inouïe
chaque écrivain est obligé de se faire sa langue comme chaque violoniste est obligé de se faire son son
et entre le son de tel violoniste médiocre et le son pour la même note de Thibaut il y a un infiniment petit qui est un monde
je ne veux pas dire que j’aime les écrivains originaux qui écrivent mal
je préfère
et c’est peut-être une faiblesse ceux qui écrivent bien
mais ils ne commencent à écrire bien
qu’à condition d’être originaux de faire eux-mêmes leur langue
la correction
la perfection du style existe
mais au-delà de l’originalité après avoir traversé
les faits non en deçà
la correction en deçà
émotion discrète
bonhomie souriante
année abominable entre toutes
cela n’existe pas.
la seule manière de défendre la langue c’est de l’attaquer mais oui madame Straus ! parce que son unité n’est faite que de contraires neutralisés d’une immobilité apparente qui cache une vie vertigineuse et perpétuelle
car on ne tient on ne fait bonne figure auprès des écrivains d’autrefois qu’à condition d’avoir cherché à écrire tout autrement
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