dans
les écrits
d’
un solitaire
on entend
toujours quelque chose
comme
l’écho du désert
comme
le murmure et le regard timide
de la solitude
dans ses paroles les plus fortes
dans son cri même
il y a
le
sous-entendu
d’
une manière
de silence et de mutisme
manière nouvelle et plus dangereuse
pour celui qui
est resté pendant des années
jour et nuit
en conversation et en discussion intimes
seul avec son âme
pour celui qui
dans sa caverne
elle peut être
un labyrinthe mais aussi
une mine d’or
est devenu
un ours
un chercheur
un gardien du trésor
un dragon
les idées finissent par prendre une teinte de demi-jour une odeur de profondeur et de bourbe quelque chose d’incommunicable et de repoussant qui jette un souffle glacial à la face du passant
le solitaire ne croit pas qu’un philosophe en admettant qu’un philosophe ait toujours commencé par être un solitaire ait jamais exprimé dans les livres sa pensée véritable et définitive
n’écrit-on pas des livres
précisément pour cacher ce qu’on a
en soi
il ne croira pas qu’un philosophe puisse avoir des opinions dernières et essentielles que chez lui derrière une caverne il n’y ait pas nécessairement une caverne plus profonde un monde plus vaste plus étrange plus riche au-dessus d’une surface un bas fond sous chaque fond sous chaque fondement
toute
philosophie
est
une philosophie de premier plan
c’est là
un jugement de solitaire
il y a quelque chose d’arbitraire dans le fait qu’il s’est arrêté ici qu’il a regardé en arrière et autour de lui qu’il n’a pas creusé plus avant et qu’il a jeté de côté la bêche
il faut
voir en cela
une part de méfiance
toute philosophie cache aussi
une philosophie
toute opinion est aussi
une retraite
toute parole
un masque
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