Et maintenant le noir
est le quatrième recueil de
Peter Gizzi
traduit en français
On y retrouve sa voix mélancolique
noire presque d'encre
Un lyrisme si l'on veut d'après la catastrophe
le monde a subi des coups
des chocs
des accidents
Les deux frères de l'auteur sont morts
par exemple
les amours sont parties
les amis sont loin
Les choses sont souvent cassées
défaites brûlées abîmées
La maison se délabre
Et pourtant
il faut continuer à vivre
et peut-être à aimer et sans doute à mourir
C'est ce que dit Gizzi lui-même de ce livre :
C'est une façon de changer
un coeur brisé au milieu d'un monde acharné
en un coeur acharné au milieu d'un monde brisé
Le Je qui se promène dans les poèmes de ce recueil
semble avoir perdu toute relation facile
avec le monde.
J'ai perdu le signal
dit le poète dans un des textes.
Mais aussitôt vient la solution
alors j'ai pensé que j'allais écrire un poème
Peter Gizzi a mille façons de dire la même chose :
Dans ma tête
un volant incapable de rien diriger d'autre qu'
une chanson et tout le reste
est survie
Chanson est
une façon fréquente pour Gizzi de dire poème
ses textes en effet chantent
à leur façon
Ils chantent
ils aiment les refrains
les répétitions
le bruit de ferraille
que font parfois les syllabes cliquetantes
La poésie indique donc la direction
Elle est le volant
L'autoroute
Le satellite GPS
La survie
Parce que, en vérité le poème n'a pas renoncé au monde il fait au contraire de son mieux pour lancer son propre signal même faible pour tracer sa propre route même méandreuse et pour trouver une façon de fréquenter un peu les choses afin de s'y tenir un peu au moins un peu
On tombe souvent
dans ces pages sur le mot
standing
debout
debout dans les choses
Cet effort
ce combat pour ainsi dire,
afin d'être
de rester debout est
une des grandes émotions
que procurent
les poèmes
de
Peter Gizzi
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