il y a
des mots en nous
il faut
s’en occuper
il y a
des phrases et des silences
il y a
des syllabes de départ
il y a
des valises et des sacs à dos
il y a
les aéroports
il y a
les passeports et les échanges en langues
il y a
les trains qui vrombissent la nuit
et le passage assourdissant des tunnels
il faut beaucoup de phrases pour exister
il y a
le lieu où les mots
ou la phrase ou les avions ou les limites cessent
il y a
le lieu de la terre et des arbres
il y a
la présence dans ce qui est vrai dans le retour
il y a
le lieu de l’abandon avec la confiance de l’enfant
les racines refusent de mourir
la vie est là.
effacer
ce n’est pas faire disparaître
avancer
ce n’est pas oublier la frontière
les tranchées les croix blanches et les zones floues
je laisse
le paysage faire son travail de mémoire
je marche
dans la neige jusqu’au printemps des étoiles
les mots
ouvrent les malles du silence
je donne
forme à ce que le monde crée en moi
séparation et réparation
n’exhibent qu’
une seule lettre de différence
il y a
des mots en nous
il faut s’en occuper.
nous avançons
en quête d’
un lieu qui nous reconnaîtra
nous sommes
ainsi
aux bordures de notre monde
aux rivages des incertitudes
les siècles dorment à l’étage
nous cherchons
les mots qui troueront les paroles de roches
nos phrases orchestrent le souffle des verbes
nous avançons
pour libérer ce qui retient
compagnes de lumières
pelles et pioches sur l’épaule
nous creusons
la matière du brouillard
nous guettons
la source du cercle
nous voyageons
sur les lignes du matin
nous apprivoisons
le doute des mots en nous
il y a
des silences
qui n’attendent pas
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