il naît à Martigues en 1963
il travaille
un moment dans
une cabine de péage d’autoroute
il habite
dans le quartier
de la Joliette à Marseille
il fait souvent l’aller-retour entre sa ville et Paris
il est en soi le poème
sur scène ou dans la vie quotidienne
au début des années 1990
il vit
encore par intermittence à Marseille
il veut tenir les nappes de brumes dans ses bras
il reste là tout seul
il ne fait rien
il a toujours sur lui
un carnet dans une poche avec
un stylo plume de la marque Sheaffer
il est diplômé
de Sciences politiques
il enseigne
l’économie mais
il décide d’arrêter
il veut se consacrer exclusivement à la poésie
il dit que le mot
n’est pas un référenceur
n’est pas un signifiant
le mot est sans référence
n’a pas deux côtés
n’est pas duel
n’est pas signe
il produit
autant de textes que de sons
il se fait connaître
du monde poétique en prenant littéralement
d’assaut les boîtes aux lettres
de ses membres
il est invité au Cipm
pour la soirée des Inédits 1993
il essaie de donner
une raison d’être à la forme langage
il change d’état civil
il crée son nom
Jean-Christophe Ginet devient
Christophe Tarkos
il parle de textes
lit et fait entendre des textes
il a l’impression
qu’il veut maîtriser au maximum son image
il réalise
la revue Poézi Prolétèr avec Katalin Molnár
il travaille
à la Bnf en salle H
il utilise
sur place un logiciel
de lecture automatisée pour aveugles
afin de lire certains
de ses textes
il se fige instantanément
lorsqu’il se retrouve devant un appareil-photo,
fixant l’objectif sans le moindre sourire,
avec un air farouche
pour lui
le mot isolé n’a pas de sens
ne prend sens que par les mots qui l’entourent
il participe
à de nombreux festivals de poésie
à Paris et en province à Bruxelles et Rotterdam
il dit de la langue
qu’elle n’arrête pas de continuer
efficace et réel
le poème accélère
répète
déjoue le retour du même
et le même qui revient s’il est drôle
il est souvent violent
il fabrique
en moins de dix ans une œuvre
qui compte parmi les plus déterminantes
de la poésie contemporaine
il donne
un dîner d’adieu à Paris
pour ses amis quelques semaines
avant de mourir
il a
une diction lente
appliquée
on dirait qu’il mastique les mots
la langue
n’est pas en dehors du monde
c’est aussi concret qu’un sac de sable qui te tombe sur la tête
c’est complètement réel
complètement efficace
efficient
utile
il meurt
en 2004 à Paris
il repose
au cimetière Montparnasse
sur sa tombe est gravé le mot poète
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