LA DERNIÈRE LUTTE
les femmes
dédaignées se vengent
elles
détournent
lois et usages
retournent à leur violence
originelle
le voilà
celui qui nous méprise
!
les tambourins
les battements de pieds
et les hurlements bacchiques
couvrent
le son de la cithare
les sons de sa voix ont perdu leur pouvoir
Orphée meurt
lamentations
toute la nature se désole
vidée
déshabitée
le dernier épisode de la vie d’Orphée
met encore en tension le rapport de forces
entre le son et l’art musical
les Ménades furieuses d’être délaissées
s’acharnent sur Orphée
le déchiquettent
ses membres sont dispersés
mais
sa tête
jetée dans
le fleuve avec sa lyre
continue de murmurer retourne
à la mer dérive jusqu’à Méthymne
sur le rivage de l’île de
Mytilène
ce
démembrement
clôt le temps du poète
et inaugure la nouvelle ère
celle du chant dénaturé des hommes
Orphée
est le chanteur
de la perte de la déchirure
celui
qui articule
l’audible et l’inaudible
entre dit chanté
et tu
ne trouvera jamais plus
son intégrité
nous
héritons
de cette dissolution
dans cette béance notre quête notre brûlure
notre désir de créer
la tête
recueillie par les Lesbiens
dans
une grotte-sanctuaire dira des oracles
la lyre
échouée sera clouée
au ciel
cette
carapace divine
de
Sappho
celle qui chante
parle devient sonore
trouve
en toi
une voix et des paroles
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