l’agilité des muscles
fut toujours la plus grande chez moi
lorsque la puissance créatrice était la plus forte
le corps est enthousiasmé
je pouvais
alors sans avoir la notion
de fatigue
être en route dans les montagnes
pendant sept ou huit heures de suite
je dormais bien
je riais beaucoup
j’étais
dans
un parfait état
de vigueur et de patience
je suis
un voyageur et un grimpeur de montagnes
dit-il à son cœur
je n’aime pas
les plaines
il me semble que
je ne puis pas rester tranquille
longtemps
et
quelle que soit ma destinée
quel que soit l’événement qui m’arrive
ce sera toujours pour moi
un voyage ou une ascension
on finit par ne plus vivre
que ce que l’on a
en soi
les temps sont passés
où
je pouvais m’attendre
aux événements du hasard
et
que m’adviendrait-il encore
qui ne m’appartienne
déjà
?
je sais
une chose encore
je suis maintenant
devant mon dernier sommet
et
devant ce qui m’a été épargné
le plus longtemps
Hélas
!
il faut que je suive mon chemin le plus difficile
!
Hélas
!
j’ai commencé
mon plus solitaire voyage
!
mais
celui qui est de mon espèce n’échappe pas à
une pareille heure
l’heure qui lui dit :
c’est
maintenant seulement que
tu suis ton chemin de la grandeur
!
le sommet et l’abîme se sont maintenant
confondus
!
tu suis
ton chemin de la grandeur
maintenant
ce qui jusqu’à présent était ton dernier danger
est devenu
ton dernier asile
!
tu suis
ton chemin de la grandeur
il faut maintenant que ce soit ton meilleur courage
de n’avoir plus de chemins
derrière toi
!
tu suis
ton chemin de la grandeur
ici personne ne se glissera à ta suite
!
tes pas eux-mêmes
ont effacé ton chemin derrière toi
et au-dessus de ton chemin il est écrit
Impossibilité.
et si
dorénavant toutes les échelles te manquent
il faudra que tu saches grimper sur ta propre tête
comment voudrais-tu faire autrement
pour monter plus haut
?
sur ta propre tête et au delà
par-dessus ton propre
cœur
!
maintenant
ta chose la plus douce va devenir
la plus dure
chez celui qui
s’est toujours beaucoup ménagé
l’excès de ménagement finit par devenir
une maladie.
béni soit
ce qui rend dur
!
je ne vante pas
le pays
où coulent
le beurre et le miel
!
pour voir beaucoup de choses
il faut apprendre à voir
loin de soi
cette dureté est nécessaire
pour tous ceux qui gravissent les montagnes
mais celui qui cherche
la connaissance avec des yeux indiscrets
comment saurait-il voir autre chose que les idées
de premier plan
!
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