j’avais le projet
ça me reprend parfois d’
un roman totalement synthétique
sans
un mot de moi
fait de phrases trouvées ailleurs
dans les livres des autres...
un roman
constitué de pièces rapportées
comme les mains d’
un assassin
cousues au pianiste
par le Dr Gogol
c’était
une expérience curieuse
habiter à l’intérieur des citations,
se glisser entre les guillemets tel
un poisson
la vérité
est que j’ai été très profondément atteint
par la plus vieille tentation protéenne
de l’homme
celle de la multiplicité
le moi
dans
un certain sens
est comme
une fente mobile
qui se déplace sur
un film
progressivement
dans la vie normale
l’organisation bipolaire est presque permanente
cependant
les limites du moi
et de ce qui lui est extérieur ou étranger
ne sont pas absolument stables
enfin
même si l’on a pu constater
qu’elle était loin d’être la seule
la dimension amoureuse court tout du long
entremêlant souvent avec humour
envolées lyriques et retombées
triviales
le poème est plus beau si nous devinons
qu’il est l’expression d’
un désir
et non pas
le récit d’
un fait
je pense aux draps de son lit
c’est bon
c’est du melon
pourquoi
ne pas profiter de tout ce qui s’offre à nous
dans ce monde
?
au chalet du désir
au palais des caresses
à l’hôtel de l’exercice érotique
les ânes clignent des yeux
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