ceux
qui aiment ardemment
les livres
constituent
sans qu’ils le sachent
la seule société secrète exceptionnellement
individualisée
la
curiosité de tout
et
une dissociation
sans âge les rassemblent
sans qu’ils se rencontrent jamais
leurs choix
ne correspondent pas à ceux des éditeurs
c’est-à-dire
du marché
ni à ceux des professeurs
c’est-à-dire
du code
ni à ceux des historiens
c’est-à-dire
du pouvoir
ils ne respectent pas le goût
des autres
ils vont se loger plutôt
dans
les interstices et les replis
la solitude
la retraite
les oublis
les confins du temps
les mœurs passionnés
les zones d’ombre
les bois des cerfs
les coupe-papier en ivoire.
ils
forment à eux
seuls
une bibliothèque
de vies brèves mais nombreuses
ils s’entre-lisent dans le silence
à la lueur
des chandelles
dans le recoin de leurs bibliothèques tandis que la classe des guerriers s’entre-tue avec fracas sur les champs de bataille et que celle des marchands s’entre-dévore en criaillant dans la lumière tombant à plomb sur les places des bourgs ou sur la surface des écrans gris
rectangulaires et fascinants qui se sont substitués
à ces places
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