C'était désormais à un livre
que travaillait l'exilé allemand réfugié
sous l'architecture de fer de la Bibliothèque nationale
une œuvre qui devait être non seulement une « histoire sociale de Paris au XIXe siècle », comme l'annonçait l'Institut de recherche sociale d'Adorno et d'Horkheimer, mais une tentative d'interprétation globale du XIXe siècle et de son équivoque modernité.
« Chaque époque rêve la suivante » disait Michelet. Benjamin nous offre, pour déchiffrer les figures équivoques du rêve propre au XIXe siècle, des catégories aussi originales que fécondes qu'il appartient au lecteur d'associer et de combiner : l'ennui, l'oisiveté, la construction en fer, les expositions universelles, la mode, le collectionneur, l'intérieur, le miroir, le joueur, les passages, etc. Elles lui permettent de montrer l'émergence de formes de construction, de communication et de transport dans les villes, dont le XXe siècle a pu seul mesurer la portée politique, en même temps qu'elles lui servent à dégager, au commencement même de ces techniques de masse, une fragile aspiration utopique et une promesse oubliée de liberté.
C'est cette ambivalence qui fait des « Passages », même sous leur forme fragmentaire, un extraordinaire hommage critique au Paris du XIXe siècle, à son architecture et à ses écrivains.
Paris capitale du XIXe siècle
Walter Benjamin
Collection Passages
976 pages
sept.
2006
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