Habiter les formes
c'est apprendre à s'en servir
Outre que cette mentalité d'habitant s'avère corrosive envers la bigoterie artistique voire toute tentative de sacralisation de la culture elle déplace le point névralgique de l'activité artistique du monument vers le comportement
Cette instrumentalisation généralisée des formes culturelles on la retrouve dans la culture des DJs chez tous les musiciens qui utilisent des échantillonnages sonores, mais aussi par exemple dans les travaux d'un Felix Gonzalez-Torres lorsqu'il emploie le lexique de l'art minimal et conceptuel afin d'articuler une poétique de la rencontre et enfin dans ces œuvres littéraires contemporaines où le sens vient s'encastrer dans un échafaudage d'éléments readymade provenant des innombrables foyers de la culture Roland Barthes recopié par Sherrie Levine
Ce qu'il y a de plus passionnant dans la culture actuelle touche cette problématique du recyclage de l'habitat de l'écologie des formes
Certains n'y verront rien d'autre qu'un avatar du postmodernisme
Pourquoi pas ?
Jean-François Lyotard
qualifiait de moderne toute oeuvre qui
fait voir
qu'il y a quelque chose
que l'on ne peut pas voir
Dans ce cas et seulement dans ce cas
la pensée de l'habitat s'avère postmoderne
Elle ne montre rien qui ne soit disponible fait voir que toute forme peut être utilisée et tout contenu tributaire des formes qui la manifestent
Plus encore elle rabat le sens aux dimensions de ses usagers
S'il existe bel et bien des choses que l'on ne peut pas voir présentées par une oeuvre la transcendance est ici passée au crible de l'immanence
Le monde entier devient une entité disponible à l'usage une constellation de signes réversibles tour à tour sujets et objets de l'expérience humaine
Il suffit d'adopter une position active face aux objets culturels pour que se déchaîne un productivisme généralisé qu'une position moins volontariste atténuera ou interrompra pour un temps
La création est affaire
d'emploi du temps et de l'espace
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