ceux qui aiment lire
et relire
des livres
éprouvent
continuellement cette sensation
d'excitation
je suis l'objet de la lecture de l'autre
chacun lit en l'autre son histoire
non écrite
Lionel André / promenades / randonnées / arts / littératures / air du temps
suivre la voie
que déterminent les nécessités de notre étrange guerre qui nous a menés si loin Car notre intention n’avait été rien d’autre que de faire apparaître dans la pratique une ligne de partage entre ceux qui veulent encore de ce qui existe et ceux qui n’en voudront plus
le nid palpite dans les houx
poésie
je vois l’immensité
je vois toute la nuit et toute la clarté
je vois le dernier lieu
je vois le dernier nombre
dans ma main
je vois
les trous de taupe et les gouffres d’aurore
Tout
et
là même où rien n’est plus
je vois encore
je sais tout
je vois tout
l’abstention électorale
est
devenue majoritaire elle signifie l’opposition de la masse ainsi croissante d’un peuple à l’équipée sans cesse amaigrie de ceux qui sans soutien ni socle exercent le pouvoir
l’abstention met à nu les cambrioleurs de la souveraineté
elle est l’arme dont use le vote pour qu’éclate au jour l’oligarchie et elle est la noblesse dont use la démocratie altière afin qu’on lui rende la réalité de son exercice
face à l’injonction piégée des corrompus de la nouvelle bourgeoisie invitant au scrutin comme à un devoir dont ils ont défini pour eux les façons d’utilité l’abstention est
le vote du non qui ne dit jamais oui
Maxence Caron
l’abstention élective est cette affinité avec la grandeur qui refuse l’existence des eunuques politiques et des dégradants partis que par le travail et l’impôt le sang du Pauvre paie afin qu’on le nie
l’abstention est une dilection électorale
elle est la mémoire de la démocratie lors assassinée par l’indignité du narcissisme député que la république depuis longtemps n’est plus
donnez-moi le tiers d’un peuple cohérent que son abstention ranime et je lui indiquerai sur-le-champ le chemin de ses royaumes naissants
ANABASE
anabase
un livre
un livre
chaîne opératoire
expérience intérieure
paradoxalement nommée puisqu'elle culmine dans une fusion de l'intérieur et de l'extérieur du sujet et de l'objet l'inconnu comme objet communiquant en elle avec un sujet abandonné au non-savoir
l'itinéraire profondément désordonné qu'il soit spirituel politique ou littéraire répond par-delà les limites du convenu à la volonté de révéler une vue souveraine dégagée des servitudes qu'impose la vie
mais dans les rêves on voit tout
comment s’extraire vivant du vivre
l’image nous enveloppe
l’image nous tient le corps
nous tenons à nous-mêmes par les images
on peut raconter sa vie
j’empile les images
je creuse les métaphores
ce que je trouve est artificiel
en secret
des fragments de nuits
des tractations sans fin avec les autres
sans savoir
si l’on revient
si l’on s’égare
plus ou moins visible
jamais bien loin
il y aura toujours la fumée
une sacoche de verbes en déroute
c’est un vrai labyrinthe
il n’y a plus rien à voir
maintenant tout est vide
tout ça
c’est du passé
le sujet de tout récit vacille
il est d’ailleurs temps de changer d’air
le lien déchiré
la déchirure du lien
un cri
un râle
un dernier râle
une vague de sang et de musique.
sur le point de rompre
une violence qui affleure sous l’humilité
il y a de la culpabilité
ensemble tant qu’il reste quelqu’un
ce qui est trop
ce qui est trop peu
en attendant nous voici tenus d’improviser
nous sommes finalement arrivés au terme du Néolithique en effet il y a près de dix mille ans à l’issue de la dernière glaciation nous inventions l’agriculture la domestication l’élevage et la sédentarisation
profitant d’une période anormalement longue de stabilité climatique les humains ont voulu contrôler leur milieu cette trajectoire s’est globalisée à la Renaissance les plantations décuplée lors de la révolution industrielle la mécanisation et précipitée depuis 1950 ce que le géochimiste Will Steffen appelle la grande accélération
nous avons forcé la nature
nul ne peut le guérir de n'être pas la foule
je fixe
le vide devant moi
une touche aussitôt violente
excessive
m’unit à ce vide
je vois ce vide et ne vois rien
mais lui
le vide
m’embrasse
mon corps est crispé
il se contracte
comme si
de lui-même
il doit se réduire à l’étendue d’un point
une fulguration durable
va de ce point intérieur au vide
je grimace
je ris
les lèvres écartées
les dents nues
ainsi
le capitaine
en est réduit au constat terrible
d’un monde littéralement à bout de souffle
en perdition
il a été montré
sur la base des révolutions du XXe siècle
qu’il suffit d’avoir 3,5 % de manifestants dans la rue
pour qu’un changement
de régime advienne
elle recourt
à
Nisargadatta Maharaj
avec le
faites silence... et sachez que je suis Dieu
seul dans l'agitation historique
le mot Révolution domine la confusion accoutumée et porte avec lui des promesses qui répondent aux exigences illimitées des masses
les maîtres les exploiteurs dont la fonction est de créer des formes méprisantes excluant la nature humaine telle que cette nature existe à la limite de la terre c'est-à-dire la boue une simple loi de réciprocité exige qu'on les espère voués à la peur le GRAND SOIR où leurs belles phrases seront couvertes par les cris de mort des émeutes
c'est là
l'espoir sanglant
qui se confond chaque jour avec l'existence populaire
et qui résume le contenu insubordonné
de la lutte des classes
la lutte des classes n'a qu'un terme possible