Emmanuel Hocquart
un récit autobiographique
?
un roman grammatical
?
un témoignage sur l'ancien Tanger d'avant 1956
?
une chronique des années 40 et 50
?
tout cela à la fois
?...
Je n'ai pas pensé à ces catégories en l'écrivant.
Depuis 2006 (Terrasse à la Kasbah), j'ai raconté cette histoire, avec ses anecdotes, ses digressions, ses raccourcis, ses hésitations, ses apories, ses répétitions, ses contradictions, ses retours en arrière... Sans me soucier de savoir où cela mènerait ; mon parcours s'est imposé ainsi au fur et à mesure de l'écriture.
Maintenant que j'ai terminé, je regarde Une Grammaire de Tanger comme une vraie fiction, avec ses personnages et son narrateur, le petit Jule, écolier rétif aux prises avec la grammaire.
Mais y a-t-il seulement lieu de différencier fiction et non fiction, puisque, dans un cas comme dans l'autre, ce sont les mêmes mots, les mêmes règles fixes qui sont à l'oeuvre ?
*
l'obstacle
quand on en rencontre un
ce sont surtout nos habitudes de lecture qui le dressent
quand
je me dis par exemple devant
une page :
je ne comprends pas ce que l'auteur veut dire !
je pars du principe qu'il y a
un sens caché que je n'arrive pas à saisir
le problème c'est que
je cherche à comprendre ce que l'écrivain
a voulu dire
quelle drôle d'idée !
de toute façon
comme je ne suis pas l'auteur
il y a
de fortes chances
pour que
je ne sache jamais ce qu'il a voulu dire
et il se pourrait
que lui-même ne le sache pas toujours
très clairement
ce n'est pas la question
la seule question est
qu'est ce que
je peux
faire de ce que
je lis
?
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