chaque écrivain crée ses précurseurs qui n'existeraient pas sans lui de cette façon-là
la relation d'un écrivain à ceux qui l'ont influencé est intelligible à l'envers.
son œuvre donne du sens aux œuvres antérieures, comme si l'unité ou la pluralité des auteurs, leur identité propre, étaient choses relatives, toujours modifiables.
ainsi dans le cas de Proust, on trouve l'influence de Flaubert l'humour amer de Saint-Simon le snobisme des grands de Ruskin l'esthétique comme justification de l'existence de Racine la cruauté des liens etc.
mais on peut dire aussi bien que c'est Proust qui nous donne à lire pour la première fois les commérages élevés à la dimension d'un mythe d'un Saint-Simon ou les pâmoisons préraphaélites de Ruskin
il s'agit là non de relectures mais de lectures
par ses pastiches de l'affaire Lemoine Proust nous fait entendre d'abord que le matériau de l'écriture est toujours d'emprunt et compte peu en lui-même ensuite que
la
littérature
n'est pas imitation
mais
transmutation
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