alors que Hölderlin est tourné vers l’origine
Rimbaud semble tendu vers le futur
l’inconnu qui est devant nous
n’est-ce pas
ce qui explique
pour une part sa distance
et la difficulté de son œuvre
?
connaissons-nous vraiment
aujourd’hui l’horizon que Rimbaud a
vu
?
en Grèce,...
vers et lyres rythment l’Action
la poésie ne rythmera plus l’action
elle sera en avant
!
l’Action
avec une majuscule
désigne-t-elle seulement l’agir opérant de l’homme,
ou le réel qui en est issu
dans son ensemble
?
ce réel
équivaut-il au présent
?
que veut dire
la langue de la poésie
entraîne le réel dans son rythme
au sens de la mesure
harmonieuse
?
la poésie
résolument moderne
par contre ne doit plus en rester là
elle sera en avant
faut-il entendre cet
en avant
de façon purement temporelle
?
la langue de la poésie doit-elle
en prédisant
soit en étant prophétique
prévoir ce qui vient
mais néanmoins
comme poésie
parler selon le rythme
?
ou cet en avant
n’implique-t-il aucune relation
temporelle
?
en disant
elle sera en avant
Rimbaud donne-t-il à la poésie la préséance
avant tout agir et faire
de l’homme
?
mais alors
qu’en est-il de cette préséance
dans le monde moderne de la société industrielle
?
au regard de celle-ci
la parole de Rimbaud serait-elle
une erreur
?
a moins que
les questions ici formulées
n’attestent que la poésie
est arrivée devant l’inconnu
?
et cela précisément aujourd’hui où elle lutte
presque sans espoir
pour sa préséance
?
Peut-être pourrions-nous
méditant ce mot de Rimbaud dire ce qui suit
la proximité du sans-accès reste la région où parviennent les rares à devenir poètes et qu’ils ne font aussi que montrer
mais cela dans un dire qui nomme cette région
cette nomination ne doit-elle pas être un appel qui appelle en direction de la proximité du sans-accès, et peut ainsi appeler parce qu’il a déjà d’avance l’appartenance à cette proximité et du sein de cette appartenance porte le tout du monde au rythme de la langue poétique
?
mais que veut dire ici
le mot grec de
rythme
?
ne faut-il pas
pour l’entendre comme il convient
revenir aux Grecs et méditer la parole d’
un poète de leur époque
la plus reculée
?
le rhuthmos
éprouvé originellement
à la manière grecque est-il la proximité
du sans-accès et, en tant que cette région,
le rap-port qui porte
l’homme
?
le dire du poète
qui vient bâtira-t-il
en prenant appui sur ce rapport
préparant ainsi pour l’homme le nouveau
séjour terrestre
?
ou la destruction menaçante
du langage par la linguistique et l’informatique
va-t-elle saper
non seulement la préséance de la poésie
mais la poésie même dans sa
possibilité
?
Rimbaud reste vivant
si nous nous posons ces questions
si les poètes et les penseurs restent ouverts
à la nécessité
de se faire
voyants pour l’inconnu
mais cet inconnu
ne peut être nommé
que s’il est
tu
ne peut toutefois
vraiment se taire que celui
qui a charge de dire ce qui montre la voie
et l’a dit en effet par le pouvoir de la parole
qui lui a été
conféré
ce silence
est autre chose que le simple mutisme
son ne-plus-parler est
un avoir-dit
entendons-nous
avec
une suffisante clarté
dans le
Dit
de la poésie d’
Arthur Rimbaud
ce qu’il a
tu
?
et voyons-nous là déjà
l’horizon où il est
arrivé
?
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