tout
porte à croire
qu’
il existe
un certain
point de l’esprit
d’où
la vie et la mort
le réel et l’imaginaire
le passé et le futur
le communicable et l’incommunicable
le masculin et le féminin
l'épais et le subtil
le fixe et le volatil
le haut et le bas
cessent d’être perçus contradictoirement
YS II 48
tatah dvandva-anabhighâtah
qui peut se traduire ainsi
alors il y a
absence de perturbation dues aux
paires d’opposés
tatah an-abhi-ghâta dvandva
Patanjali évoque ici les paires d’opposés dvanda
mot au cœur de la compréhension
du sutra
souvent
les paires d’opposés prennent
le sens de
forces ou conditions auxquelles est soumis le corps haut et bas gauche et droite avant et arrière chaud et froid repos et activité etc...
les paires d’opposés sont ainsi vues comme des conditions de vie auxquelles il faut s’adapter
s’il en était ainsi la pratique d’āsana augmenterait notre adaptabilité à des forces opposées nées de notre constitution ou de notre environnement
et c’est indéniable la pratique d’āsana permet une plus grande adaptabilité
c’est vrai mais n’est- ce pas un peu limité ?
n’est-il pas possible de voir plus large de voir le contexte dans lequel est introduite cette notion de dvandva de voir la dimension plus intérieure évoquée par le mot dvandva ?
quel est le contexte ?
Âsana est le quatrième des huit membres du yoga anga moyens proposés pour développer le discernement viveka et réduire nos états de confusions samyoga qui empêchent l’épanouissement de la vie en nous
le but d’āsana n’est rien moins que la transformation de notre corps-esprit la transformation profonde de notre être au monde au service d’une perception libre et approfondie
Āsana traduit littéralement le fait de s'asseoir ou la manière d'être assis
dans le Yoga ce terme a le sens de posture rituelle
comment lire le mot dvandva ?
on y retrouve par deux fois le mot dvi qui signifie deux
Dvandva, ou dvi-dvi ou deux-deux est en fait un deuxième deux plus extérieur qui pointe vers un premier plus intérieur le couple purusa et prakrti
le texte entier du Yoga Sutra traite de la relation entre ces deux-là
Purusa la Vie qui nous habite est au-delà du changement et se reflète au monde à travers notre corps et notre esprit
Prakrti ce qui est habité est contingent et soumis au changement
en confondant ces deux-là en les prenant l’un pour l’autre, en confondant la forme que la vie prend en nous et la Vie même nous sommes dans un état de confusion samyoga
dans un tel état l’espace pour le reflet de purusa est réduit
le Yoga Sutra nous invite à réaliser et à vivre la différence entre les deux
dans notre corps le souffle exprime l’interaction entre purusa et prakrti
le souffle montre si dans notre être au monde il y a l’espace et un support adéquat pour Prâna le reflet de purusa
la pratique d’āsana nous invite à explorer et à défaire la confusion entre souffle et corps nous invite à ouvrir un espace pour une libre circulation de Prâna
Āsana est au service de l’incarnation pour que notre corps puisse devenir un lieu de vie et d’expression de la Vie
ainsi les dvandva ne sont pas des paires d’opposés qui s’imposent sur nous de l’extérieur
les dvandva sont produits en nous précisément par notre incapacité à vivre la différence entre Purusa et Prakritti ce deux primaire
c’est comme si la Vie nous disait :
toi qui ne veux pas vivre ces deux purusa/prakrtti
va découvrir d’autres deux
les dvi-dvi dvandva
et apprend !
Āsana est profondément
un lieu de transformation
un lieu
pour découvrir et accepter
notre humanité et céder l’espace à la Vie
qui nous dépasse.
en acceptant de ne pas être maîtres de la Vie
en acceptant de vivre les deux
nous avons accès à ce qui
est
UN
au-delà de deux
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