il
n’y a pas
de mot
pour la nature
chez
Homère
il y a
la prairie infinie des mots
un
tel mot
phusis
est
une invention
plus tardive des philosophes
Pourtant, elle est puissante dans ses poèmes, diversement et de manière contradictoire. Elle est monde ordonné, géométrique, avec ses régions définies et mesurables, le ciel, la terre, le Tartare ; mais cet ordre menace de s’effondrer au gré des querelles entre les dieux. Ces querelles portent toutes sur des humains. Elle est aussi forces violentes, dans les tempêtes que rappellent des comparaisons qui cherchent à dire la guerre, ou dans la colère d’un fleuve en révolte contre Achille qui l’encombre de cadavres. Parfois elle s’apaise, dans l’image de l’ordre des saisons. Mais cet ordre signifie pour chacun le fait naturel par excellence qu’est une mort sans au-delà. Elle est déchaînement de passions divines et humaines qui ne s’arrêtent qu’au prix d’immenses souffrances. Les poèmes homériques ne cherchent pas à faire la théorie de ces natures, à les unifier, comme le feront peu après Hésiode, puis les philosophes avec leurs cosmologies qui sont aussi des théories de la société. Il en constate l’existence et s’en sert pour tenter de dire la singularité des expériences. Au-delà des ordres naturels, répétitifs et en fait limités car définis, il y a « la prairie infinie des mots », comme le dit un héros de l’Iliade. Pierre Judet de la Combe
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