Lire ou relire
Lucrèce aujourd’hui
quand tant de peurs souvent
entretenues montent c’est une façon
d’ouvrir les yeux
Ô misérables esprits des hommes,
ô cœurs aveugles !
Dans quelles ténèbres et dans quels dangers
s’écoule ce peu d’instants qu’est la vie !
Ne voyez-vous pas ce que crie la nature ?
Réclame-t-elle autre chose que pour le corps
l’absence de douleur,
et pour l’esprit un sentiment de bien-être,
dépourvu d’inquiétude
et de crainte ?
Livre II vers 14-19
Le chemin qui mène de Lucrèce à nous passe par Montaigne, Diderot ou encore Nietzsche, autant de penseurs intempestifs qui ont su puiser dans l’intelligence claire, lucide et affirmative du Romain. Au-delà de la seule question des idées, nous pouvons lire De la nature pour sa façon d’aborder les questions : cette première révolution de la science est aussi un des derniers exemples avant longtemps (chez Maurice Scève peut-être) d’une pensée qui ne sépare pas la connaissance et la puissance de l’expression.
Un moyen de retrouver cette force — contre ceux qui haïssent les poètes qui raisonnent et s’aventurent hors du pré carré de l’intime, du moi et des sentiments — est l’alliance de la science et de la poésie. Ainsi pourrons-nous comprendre quelle(s) « poétique(s) » suit la nature, hors de nous et en nous, et ainsi pourrons-nous la dire et la partager.
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