Les textes sont traversés par un désir d’originalité par où la conscience écrivante entreprend de se dégager de l’emprise funeste du passé pour se porter sans cesse au-devant d’elle-même.
À cette pulsion projective répond toutefois un mouvement de force contraire qui la ramène dans l’orbe de ses prédécesseurs qu’elle se découvre contrainte de répéter, d’imiter.
Cette tension entre originalité et imitation, création et citation, conduit le sujet à revendiquer, sans vergogne et non sans forfanterie, le droit au plagiat, à la contrefaçon, à la captation d’héritage : l’imitation serait bel et bien la condition même de l’originalité ; il n’y aurait de génie que de l’imitation.
Alors se dessine une autre relation à l’imitation qui ne prend la forme ni de son impossible rejet, ni de son acceptation résignée, mais envisage l’appropriation mimétique comme le moyen de s’inventer soi-même et conçoit la remontée vers le passé comme une manière de se projeter vers l’à-venir – mimesis paradoxale où ne s’imiterait finalement rien d’autre que ce qui vient.
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