Il y avait des exceptions
parmi les SS […]
Un jour il y a eu un autre homme
en poste.
Beaucoup de ceux qui travaillaient avaient peur des SS,
un nouveau pouvait être pire ;
et quand ils ont vu celui-là, un officier supérieur qui plus est,
ils se sont sentis pour le moins mal à l’aise […]
Les Juifs l’ont vu à l’arrivée des convois –
marchant partout et comme pris de honte.
Parfois il leur disait un mot gentil.
Mais il n’est resté qu’un mois ;
un soir, il est venu dans leur baraquement et leur a dit :
Je ne savais pas où on m’envoyait.
Je ne savais rien de tout ça,
et quand j’ai compris, j’ai tout de suite demandé un transfert.
Maintenant je vous quitte.
Qu’un homme reste homme, et pitoyable, au milieu de l’enfer, même si ce n’est que dans son for intérieur, et que de cette épreuve il demande quitus, cela reste tout de même, semble-t-il, normal – mais la fin laisse stupéfait :
… Il a serré la main de quelques Juifs,
et leur a souhaité de survivre.
À cet homme capable de cette toute petite chose : une poignée de main, mais d’un bord à l’autre du gouffre, on voudrait à lui aussi serrer la main, si on pouvait, et le serrer dans ses bras par-delà le fleuve qui sépare les vivants et les morts.
Charles Reznikoff
Holocauste.
Trad. de l’anglais États-Unis
par André Markowicz.
Éditions Unes
118 p.
20 €
Charles Reznikoff
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