.
Le plus âgé : Et nous ne sommes, selon une parole plus récente, que ce dont nous cherchons
.
Le plus jeune : Et nous ne cherchons que ce dont nous sommes en attente
.
Le plus âgé : Et nous sommes en attente, tendus vers ce qui nous laisse avoir lieu
.
Le plus jeune : Mais ce qui nous laisse avoir lieu, c'est le venir entendu comme le présent, qui contre toute attente et dans l'encontre de la parole s'engage à le laisser venir
.
Le plus âgé : étant nous-même l'encontre de ce présent, nous nous laissons accorder à ce venir, parce que notre aître s'est laissé accorder par lui
.
Le plus jeune : Et c'est ainsi seulement qu'en nous laissant accorder, nous nous approprions à ce que nous sommes nous-même en propre
.
Le plus âgé : Chacune de ces phrases qui se répercutent l'une l'autre comme en écho, dit le même
.
Le plus jeune : Et chacune d'elles, nulle pensée ne peut les épuiser, parce qu'elles pensent d'avance - anticipant le venir
.
Le plus âgé : Lequel, c'est à présager, est ce au-delà de quoi rien, au grand jamais, ne se laisse plus penser : l'immémorial, impensable d'avance
.
Le plus jeune : C'est pourquoi ce qui sauve ne se laisse pas non plus exposer sous forme d'énoncés prédicatifs
.
Le plus âgé : Mais seulement présager au fil d'un dialogue, comme cela vient de nous arriver
°
Martin Heidegger
la dévastation et l'attente
entretien sur le chemin de campagne
L'infini/Gallimard
°
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire