Lorsqu'on ouvre le Zarathust-Nama, long poème persan qui tente de conter la vie du prophète appelé " étoile d'or ", on peut y lire ces lignes : " Au moment où le matin du temps répandit la lumière, le Bienheureux Zarathoustra vint au monde. Il riait en quittant le sein de sa mère et de son rire le palais fut empli de lumière. " Le rire avait suffi pour qu'on sût que l'enfant était fils du ciel : toutes ses paroles seraient désormais sacrées. Le rire dépassait les mots : il était la lumière - une lumière transmise de siècle en siècle par la légende jusqu'à Pline qui écrirait dans son histoire naturelle : Zorastre fut le seul homme à avoir ri le jour même ou il naquit. "
Nietzsche l'avait-il retenu, lui qui n'hésite pas à proclamer par la bouche de son Zarathoustra : " J'ai sanctifié le rire " ? Le rire résonne encore quand les mots se sont tus : il est la réponse du corps, l'expression première, au-delà du langage, au-delà de la pensée. L'homme qui rit a trouvé le secret de la légèreté : il est prêt à s'envoler en dansant, enfin détaché du mortel ennemi : " l'esprit de pesanteur ".
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source Béatrice Commengé
La danse de Nietzsche, infini/Gallimard
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