un poème est
la manifestation corpusculaire
de l’onde
du livre
il surgit comme
une condensation du flux invisible du langage
une particule de sens née de la vibration plus vaste du verbe
le livre dans sa totalité est onde
il déploie
un champ de possibles
une résonance qui traverse les pages avant même qu’elles ne soient lues
le poème lui se cristallise
il donne forme
densité
présence à cette oscillation du sens
il est le point
où la vibration devient corps
où l’invisible prend un poids de réalité
ainsi
écrire un poème c’est interrompre momentanément
le flux infini du langage pour en capter
une parcelle de lumière
un quantum de signification
c’est observer
le mouvement de la pensée comme on observe
un photon
à la fois
onde et particule
mouvement et présence
passage et empreinte
et lorsque tu dis
départ départ / dans l’affection et le bruit neuf
c’est le moment où le poème quitte le champ du livre
comme une onde quittant la source
ce départ n’est pas une fuite c’est une propagation
l’affection
c’est la trace sensible
laissée dans l’esprit du lecteur
le bruit neuf
c’est le frémissement
du monde après le passage du verbe
chaque poème
en se détachant du livre recrée le monde à neuf
il le fait vibrer autrement
comme si
l’univers venait d’être prononcé pour
la première fois
le poème est la condensation du souffle du livre
une goutte de feu tombée d’une mer de silence
il éclot dans l’instant où le verbe se fait chair de lumière
chaque mot né du tremblement recrée le monde
départ départ le poème s’arrache du livre
comme l’étincelle quitte la braise
dans l’affection
dans le bruit neuf
l’univers recommence à parler