Cristallography  invocation du passage

Sphères de rêve et de magie
vous étincellez comme des cristaux en lévitation
rosaces taillées dans la matière du silence

nous vous atteignons à présent
à la lisière où le visible se fracture
en géométries de lumière

Toi

guide translucide

pierre claire suspendue dans la nuit

montre-nous la voie qui se divise en mille arêtes

comme un diamant qui pense

Car notre désir est vif

plus rapide qu’un rayon glissant sur la glace

plus ancien qu’un atlas enfoui dans la poussière des astres

Conduis-nous

promptement

sans peur

sans ombre

vers le sublime et désert espace

là où le vent ne souffle plus

mais résonne en polyèdres invisibles

où les dunes sont des prismes

et les distances des constellations pliées

Là-bas

nous marcherons dans les cathédrales du minéral

fleurs d’arêtes pétales de quartz

cartographie du rêve en formation lente

sous la voûte blanche du temps

au cœur de cette solitude scintillante

un cristal 

infime

pur 

portera ton nom

Les Éléphants de brume et les Gnomes d’étoiles 

Les Éléphants de brume avancent dans le monde 

comme des masses lentes de mystère

ils portent la mémoire des choses oubliées

des aubes effacées

des continents jamais cartographiés

leur pas est un souffle

leur corps un nuage solide

ils sont la pesanteur rendue vaporeuse

la force devenue transparence

ils déplacent l’air plutôt que la terre

et leur présence est une énigme 

lourds pourtant insaisissables

proches et déjà en train de se dissoudre

les Gnomes d’étoiles eux sont l’inverse en miniature

ils vivent dans les interstices du ciel

infimes gardiens des étincelles

ils murmurent aux photons

bricolent des constellations de poche

ajustent la lumière comme on ajuste une horloge

 

leur légèreté est intense presque tranchante

ce qu’ils touchent s’illumine

 

ce qu’ils regardent prend feu

Iis sont les artisans secrets de la clarté cosmique

entre les Éléphants de brume et les Gnomes d’étoiles 

se joue une alliance invisible 

les premiers sculptent le silence

les seconds ensemencent la nuit

lourd et léger

diffus et ponctuel 

obscur et scintillant 

ils maintiennent ensemble l’équilibre du monde 

comme si l’univers 

avait besoin de ces deux souffles contraires 

pour continuer à respirer

version infinitive et vertigineuse 

où les éléments se mêlent se répètent

se transforment, 

et donnent l’impression 

que la liste pourrait continuer à l’infini 

comme si 

le lecteur regardait l’Aleph lui-même 

Les Griffes-lumineuses qui se mêlent aux Oiseaux de verre, les Chats d’ombre et les Tortues qui chantent, les Sirènes du désert dansant avec les Spectres à sept yeux, les Loups de cristal croisant les Papillons de fer, les Éléphants de brume et les Gnomes d’étoiles, les Salamandres de pluie qui deviennent Dragons sans souffle, 

les Scorpions de lune, les Mantes dansantes, les Hommes-feuilles et les Chimères de poussière, les Ombres-papier et les Serpents à miroir, les Fées de rouille mêlées aux Araignées de nuage, la Vallée des miroirs inversés reflétant le Lac aux souvenirs oubliés et la Bibliothèque sans fin, la Forêt des murmures où la Tour qui flotte se perd dans le Désert des horloges cassées, les Jardins suspendus de cristal qui s’alignent sur la Cité des statues vivantes et le Palais des vents contraires, le Pont des songes perdus s’ouvrant sur la Grotte des échos infinis et le Labyrinthe des saisons, l’Archipel des portes secrètes et la Colline aux couleurs changeantes, le Marché des rêves dérobés et le Marais des lucioles géantes, la Rivière aux reflets multiples qui traverse le Château des larmes éternelles et la Montagne qui se déplace, l’Oasis des étoiles filantes sous la Clef des mondes suspendus et le Miroir des vérités cachées, la Plume qui écrit seule, le Sabre qui chante, la Couronne des saisons et l’Horloge sans aiguilles, le Parapluie des tempêtes silencieuses, les Bottes d’éternel voyage, la Lampe qui absorbe la nuit et l’Anneau des reflets perdus, le Livre des vents oubliés, la Boîte des souvenirs interdits, la Carte des chemins invisibles, le Coffre des voix disparues, le Sceptre des pluies inversées et le Manteau de poussière d’étoiles, la Boussole des rêves, la Lanterne des abysses, le Tapis des nuages mouvants et le Collier des murmures, les Sirènes de métal fondu et les Corbeaux de brouillard, les Papillons de feu noir, les Loutres de cristal liquide, les Dragons de fumée, les Hommes-lanternes, les Loups à huit pattes, les Scorpions d’ombre, les Chouettes de verre, les Tortues à engrenages, le Pont de flammes silencieuses et la Fontaine des souvenirs disparus, la Bibliothèque des vents, la Caverne des murmures étouffés, la Plaine des nuages inversés, le Labyrinthe des pierres flottantes, la Ville des portes mouvantes et le Palais des miroirs brisés, le Jardin des herbes éternelles, l’Archipel des brumes changeantes, la Plume du temps oublié et l’Horloge des secondes suspendues, le Sabre de l’aube écarlate, la Boussole des mers sans rivage, la Lampe des abysses intérieurs, le Miroir des visages inconnus, le Livre des rivières perdues, le Coffre des ombres anciennes, le Sceptre des étoiles filantes, la Clé des passages secrets, les Oiseaux de nuages noirs, les Chats de pierre vivante, les Dragons de cristal liquide, les Loups des dunes mouvantes, les Sirènes des cavernes oubliées, les Gnomes de brume phosphorescente, les Fées de verre liquide, les Araignées d’éther, les Scorpions des marées montantes, les Mantes de lumière tombante, et encore les Griffes-lumineuses, et les Oiseaux de verre, et les Chats d’ombre, et les Tortues qui chantent, et les Sirènes du désert, et ainsi de suite, toujours plus loin, chaque créature et chaque lieu et chaque objet se fondant dans tous les autres, dans un vertige de miroirs et de lumières et de murmures, un univers infini qui ne finit jamais, où l’œil peut tout voir et pourtant ne rien saisir, où l’Aleph se déploie, éternel, et tout recommence...

Version infinitive  sens littéraire

une énumération qui semble ne jamais s’arrêter

un texte qui donne l’impression de se prolonger à l’infini

une phrase ou une liste qui déborde se répète se transforme

un effet de vertige 

comme chez Borges dans L’Aleph

où tout est contenu 

dans tout

les frontières entre les objets se brouillent

les éléments se métamorphosent

la liste devient un flux continu presque sans fin

on a l'impression que le texte pourrait continuer éternellement

une liste qui s’étend vers l’infini

on pourrait aussi dire 

version infinie

version interminable

version sans fin

version ininterrompue

version vertigineuse

12122025

=

15

=

6

le jour s’éveille  

dans le frisson des choix / invisibles  

où deux chemins s’embrassent  

se séparent  

se croisent / et recroisent  

le cœur bat  

comme un tambour ancien  

appelant à la danse  

à la danse des possibles  

les voix de l’inconnu murmurent  

CHOISIS  

oui  

choisis en conscience  

chaque souffle / trace / univers  

chaque sourire éclaire une ombre oubliée  

chaque main qui s’effleure  

pont / monde / pont / monde  

l’Amour  

labyrinthe lumineux  

labyrinthe des miroirs  

des miroirs des âmes  

des âmes des étoiles  

les arbres plient  

les rivières changent de lit  

et toi  

marcheur fragile  

marcheur souverain  

marcheur / équilibre / fil des étoiles  

arcane six  

arcane / souffle / éternel  

arcane / audace / éveil  

arcane / lumière fragile  

fragile / totale  

ce que tu choisis d’aimer  

ce que tu choisis d’être  

ce que tu choisis / de devenir

retours et répétitions  

reflètent l’oscillation des choix et des émotions

barres obliques / répétitions partielles  

traduisent le flux mental et la multiplicité des possibles

découpage typographique 

invite le lecteur à ralentir respirer et méditer sur chaque image

LCDJ

la carte du jour

11 décembre 2025

La Belle Via  

elle 

évoque 

immédiatement 

une idée de chemin

de voyage de passage 

à la fois esthétique et symbolique

 

c’est le passage qui transforme le voyageur

plus que la destination elle-même

La Belle Via n’est pas seulement un itinéraire 

elle est une manière de vivre

un art du parcours

on pourrait avancer vite ou lentement suivre l’ombre ou la lumière 

mais ce qui importe c’est de garder les yeux ouverts

de goûter chaque fraction du trajet

le chemin n’est beau 

que si l’on le traverse avec attention

La belle via est celle qui fait du voyage un poème

ce n’est pas le but qui compte

mais la beauté 

de la via

le temps le point l’instant

l’oubli le révolu le futur la fraction 

le temps 

une ligne et un éclat

le point 

marque de l’instant, arrêt fugitif dans le flux continu

l’instant  

ce souffle qui précède l’oubli 

ce battement qui sépare le révolu du futur

l’oubli 

s’insinue comme sable entre nos doigts

le révolu 

devient mémoire et fantôme

le futur 

n’existe que par anticipation par fraction de désir
parce que chaque instant est déjà fragment

déjà éclat de ce qui ne sera plus

Ainsi le temps est fractionné  une suite d’instants un collage d’oubli et de lumière un puzzle que l’on ne peut jamais recomposer mais que l’on touche parfois dans un point de conscience

le temps

n’est que fractions 

chaque instant est un point 

entre le révolu et le futur déjà effacé par l’oubli

11 décembre jour froid le long de la Chaise

le froid donne les encoignures de l’étendue 

le froid dessine 

les angles du monde

l’étendue se met à respirer dans ses lignes gelées

là où le froid touche

le vaste se replie en coins secrets invisibles 

au regard chaud

le froid apprend à voir l’espace 

chaque souffle glacé révèle une arête de l’étendue

dans le froid 

l’infini 

se plie 

en angles 

que seule 

la glace révèle

la Chaise Les Sablons Ugine 11 décembre 2025

L’espace le temps et les contraires 

l’espace et le temps 

forment la scène où tous les contraires se déploient 

l’espace étend ouvre écarte 

il donne la possibilité de la distance

du face-à-face

du voisinage et de la séparation

le temps lui fait passer entraîne transforme  

il est le mouvement qui fait surgir l’opposé de ce qui était 

le flux qui engendre ce qui contredit et dépasse

dans l’espace les contraires coexistent 

le haut et le bas

le proche et le lointain 

le dedans et le dehors

dans le temps ils se succèdent 

le calme devient tumulte

la création devient ruine

la décision devient regret  ou accomplissement

l’espace fige les tensions 

le temps les déroule

mais l’espace et le temps ne sont pas seulement le décor des contraires  ils en sont la condition Sans espace aucune opposition ne pourrait se tenir côte à côte  sans temps aucune contradiction ne pourrait naître ou se résoudre Toute pensée des contraires  vie et mort lumière et obscurité être et devenir  s’inscrit dans cette double matrice

Ainsi 

l’espace donne à la contradiction son lieu 

le temps lui donne son destin

Et c’est peut-être dans ce croisement  là où les opposés se rencontrent s’affrontent ou s’unissent  que se joue l’essentiel de la réalité  

un monde tissé de différences 

qui ne cessent 

de se séparer et de se rejoindre

Cristallography 

un mot qui résonne comme une carte secrète

une manière de lire le monde par facettes

découpé en angles en lumières

en fractures qui deviennent structure

ici la matière parle en transparence

chaque plan une décision

chaque arête un choix pris par la forme

pour exister avec précision

La cristallographie n’est pas seulement science 

c’est une manière de percevoir

ce qui tient debout dans l’invisible

ce qui se compose lentement

à partir d’un centre silencieux

On y observe la répétition discrète d’un motif qui se déploie

se multiplie

se propage dans l’espace

comme une pensée qui trouve sa cohérence

en se reflétant elle-même

Lire un cristal c’est lire un monde qui se construit

à partir du plus petit possible

dans une logique minimale

une sobriété parfaite

Une géométrie froide mais jamais morte 

elle respire dans l’équilibre

elle s’affirme dans chaque éclat

elle demeure dans la lenteur millimétrée

de ce qui s’ordonne sans bruit

Cristallography 

une poétique du solide

où la lumière choisit ses chemins

où l’espace apprend

à devenir forme

une arête de son clignote dans l’ombre

fragment aigu 

du 

silence

la nuit 

y accroche sa lumière

brève comme un souffle inversé

le réel se plisse

autour de cette minuscule fulgurance

la phrase cherche son axe de symétrie
elle tourne sur elle-même hésitante
comme une comète en quête 

d’orbite

chaque mot tente 

un miroir
et le sens vacillant
se réaccorde dans le vide

Le silence devient un solvant lent

il dissout les contours du monde
récupère les ombres

ponce les voix

molecule d’absence après molécule
il ouvre dans l’air
une clairière sans nom

météorologie intérieure où les mots se cristallisent
dans l’ombre du souffle un climat secret s’ordonne

les pensées 

refroidissent granulent 

deviennent 

givre 

phrases 

figées au cœur du vent

le mot croît comme un cristal

il se fixe dans la transparence du vide
une arête de son clignote dans l’ombre
chaque syllabe se dépose en couches minces
minéraux de souffle et d’écho
la phrase cherche son axe de symétrie
elle tente de s’ouvrir en fleur géométrique
dans la lumière froide du sens
le langage s’étire
réseau de fractures possibles
le silence devient un solvant lent
dissout les angles trop parfaits
ne laisse que la structure
nue
vibrante
prête à diffracter le réel
ce qui naît ici est moins du texte qu’un arrangement
une croissance lente de signes translucides
météorologie intérieure
où les mots se cristallisent
comme des étoiles prises dans le verre du temps

alizarine 

glisse dans la lumière du soir 

son rouge ancien se mêle au souffle des pierres

l’albédo des neiges 

renvoie 

un silence plus blanc que le jour
comme si la montagne se souvenait du ciel

l’oriflamme tremble au vent du passage
portant un éclat que nul regard ne retient vraiment

l’orchestrina 

chuchote au seuil du monde
une musique plus fine que le bruit des heures

l’oxycacétylène 

ouvre une fleur de feu
soudant l’ombre et la clarté en un seul geste

CRYSTALLOGRAPHY

Crystallography 

Christian Bök 

1994 

un livre-poème expérimental qui médite sur la structure du langage en s’inspirant de la cristallographie la science des formes cristallines

c’est une œuvre hybride

entre poésie science fiction spéculative et jeu linguistique

Crystallography propose que la langue elle-même est un cristal 

un objet structuré symétrique fracturé

traversé par des lignes de force

le livre combine 

poèmes visuels rappelant des diagrammes scientifiques

proses spéculatives sur le cosmos et la matière

définitions réinventées comme un faux manuel de minéralogie

jeux phonétiques et typographiques

narrations fragmentaires proches du surréalisme ou de l’Oulipo

Bök y explore comment les mots peuvent 

se briser 

se réfracter 

se recombiner 

comme des cristaux soumis à la lumière

Chaque texte devient une tentative de croissance langagière  

un cristal sédimenté par l’écriture

l’ouvrage mêle ainsi 

science exacte et mythologie

rigueur formelle et imagination débridée

microstructures du langage et vastes paysages cosmiques

le résultat est une poésie de la matière

parfois abstraite parfois narrative toujours inventive

l’idée centrale

le langage n’est pas seulement 

un outil   

c’est une structure vivante potentiellement infinie 

qui se crée et se recrée comme 

un cristal croît

je m’appelle 

Philippe Diaz 

mais j’écris sous le nom de 

Pierre Ménard 

et il y a une raison très précise à cela

ce nom est un signe

Autoportrait à Édenville photographie de 

Pierre Ménard

ce matin François m’envoie un courrier prévenant et je me dois de lui répondre et avec lui à tous ceux par qui j’écris Alors oui je crois qu’aujourd’hui c’est le moment de faire mon 

coming out 

j écris avec les mots des autres je l’ai déjà dit je me répète 

je n’ai pas de mots 

ce que je lis c’est ce que j’écris

je devrais signaler tous mes emprunts préciser la dette que j’ai pour tous les blogs que je suis assidûment dont la lecture me nourrit me fait vivre et respirer et auquel il m’arrive très souvent d’emprunter des phrases que je mélange à d’autres phrases trouvées ailleurs sur d’autres sites pour écrire des textes qui ne m’appartiennent pas plus qu’à ceux à qui j’ai emprunté des bouts de leurs textes

ce qui m’intéresse c’est ce qui est entre c’est là où j’écris

c’est la seule valeur que j’accorde à ce que j’écris 

le palimpseste  ne se limite donc pas l’emprunt de phrases déjà écrites du type ready-made le palimpseste ce n’est pas obligatoirement reprendre les textes d’autrui mais leur trace leur écho leur empreinte leur projet pour les déconstruire pour les reconstruire les critiquer leur reconnaitre la force du questionnement ou tout simplement celle du plaisir

ici

Mon travail d’écrivain consiste uniquement à mettre en œuvre à la lettre des notes  des fragments écrits à propos de tout et à toute époque de mon histoire Pour moi traiter un sujet c’est amener des morceaux existants à se grouper dans le sujet choisi bien plus tard ou imposé. Valéry 1977 

Et si le copier-coller était bien plus qu’une simple fonction technique ? 

Et si, dans le monde numérique, il incarnait un tournant décisif dans l’écriture, à l’instar de la photographie dans le domaine de l’image ? Dans cet ouvrage original, première monographie dédiée à ce geste fondamental, l’auteur explore l’archéologie des médias du copier-coller et interroge son impact sur l’écriture et la société numérique. En croisant les études médiatiques, l’anthropologie de l’écriture et la littérature, l’auteur propose une analyse rigoureuse du copier-coller comme pratique qui transforme nos rapports à la création, à l’autorité intellectuelle et à la circulation des idées. Ce geste, loin de se réduire à un simple outil, révèle des dynamiques profondes qui façonnent aujourd’hui nos modes de production et de pensée. Ce livre offre une clé de compréhension pour aborder plus globalement les enjeux contemporains du rapport à l’écriture, en particulier liés à l’intelligence artificielle. Il ouvre un espace pour repenser les frontières entre l’auteur humain et les machines, et questionner ce que ces évolutions disent de notre manière d’écrire et de penser dans le monde numérique.

ici

Le livre et le chemin 

le livre est un monde fixé

une architecture de signes qui garde la mémoire 

des gestes des idées des visions

il condense le temps  recueille ce qui pourrait se perdre

stabilise l’éphémère

lire

c’est entrer dans une demeure  où l’on avance en tournant des pages  

le livre trace un itinéraire intérieur

un passage de pensée en pensée

le chemin lui est l’ouverture mobile

la réalité qui s’offre en marchant

 

il ne garde rien   il se transforme avec chaque pas

chaque saison chaque lumière 

le chemin est l’expérience nue

la vie en acte

la pensée qui se respire autant qu’elle se réfléchit

entre le livre et le chemin s’établit une tension féconde 

le livre propose une direction

le chemin la réinvente

le premier donne forme le second donne souffle

le livre prépare le regard  

le chemin l’éprouve

le livre assemble les mondes  

le chemin les disperse pour mieux les retrouver

et peut-être que vivre consiste à tenir les deux 

lire pour comprendre

marcher pour vérifier 

et laisser l’un éclairer l’autre dans une oscillation sans fin

Transfluence

passage d’une forme dans une autre
glissement sans heurt presque invisible
où la matière change de rive
et l’esprit suit le courant
sans savoir quand il a basculé

Transgression flandrienne

montée lente de la mer dans la terre
âge où l’eau regagna son empire
effaçant les frontières anciennement sûres

souvenir géologique d’un monde mouvant,

où chaque rivage apprend 

sa précarité

Urstromtal

vaste lit façonné par les glaces
couloir ancien où les eaux s’égarèrent,
paysage sculpté par le retrait du froid

une vallée primordiale
empreinte du monde avant le monde

poésie

SEUIL DE TRANSPARENCE

moment où le monde perd sa densité et devient traversable
ne dure jamais plus qu’un souffle

Le ciel du jour

voûte claire 

taillée dans l’instant

lumière 
tissant des ombres légères
où se loge la rumeur du temps

10 novembre milieu de l'après-midi vers le Mt Clocher

Rocher

masse immobile

mémoire du sol
silence compact sous le vent

un fragment d’éternité posé au milieu des heures
résistant au passage du monde

un rendez-vous

un livre

celui qui 

connaît le fil tendu

connaît la grande essence

le gravier

se revêt de la terre

la poésie et l’énigme 

la poésie est la langue qui se décale pour mieux toucher

elle ne décrit pas  elle dévoile

elle ne dit pas le monde tel qu’il est

mais tel qu’il se fait sentir 

dans ses plis 

ses dissonances ses éclats

la poésie est l’espace où les mots cessent 

d’être de simples outils pour devenir des passages 

des seuils des résonances
l’énigme elle est ce qui résiste 

ce qui se refuse à la transparence immédiate 

elle n’est pas obscurité volontaire

mais profondeur  

une forme donnée comme une invitation à chercher

à tourner autour

à laisser mûrir

l’énigme ne demande pas d’être résolue

mais d’être habitée
entre poésie et énigme 

se tisse une affinité secrète

la poésie ne parle pleinement 

que lorsqu’elle laisse un reste

une part d’ombre, 

un noyau insaisissable

et l’énigme pour être féconde 

a besoin d’un rythme

d’une intensité

d’une charge sensible  elle a besoin de poésie
ainsi la poésie fait de l’énigme 

un lieu où penser sans posséder

et l’énigme rappelle à la poésie 

que le sens le plus vif est toujours celui qui échappe

ensemble

elles ouvrent l’espace d’une connaissance 

non conquise mais révélée  

par éclats

reflet dans un seau d’eau

c'est la grande déesse de l'Aurore

la brillante

l’embarcadère

poussière

la clé

Andante

un dîner au restaurant

le regard du tigre

la montre

le portrait d’Ivan

un chien

le ticket de métro

Orion

le téléphone

un appartement 

chaîne alimentaire

le marché aux voleurs

un Flamand

un quatuor

le rire de l’orang-outan

une place dans un train

version expérimentale et fragmentaire de Ryrkaïpii 

conçue comme un véritable labyrinthe poétique et géographique

chaque fragment fonctionne comme un point de repère

dans le territoire mais la lecture peut se faire dans n’importe quel ordre

comme un flux verbal et spatial

Ryrkaïpii  labyrinthe géographique en poésie

Fragment 1 

Page unique  mot-sillage

Ryrkaïpii

Fragment 2 

Flux horizontal

vent→pente→rivière→pierres→vallons →écart→silence→

Fragment 3

Spirale

(

nuit

→ombre
→galet
→écoulement
→lumière
→retour
→invisible

)

Fragment 4 

Cascade verticale

canyon
plaine
montagne
creux
souffle
poussière
écho

Fragment 5  

Paragraphe caviardé

La lumière ne s’arrête pas

les pierres ne restent

le vent efface les chemins

Fragment 6 

Mots dispersés

marche…
écoute…
tombe…
retour…
cherche…

Fragment 7 

Superposition simulée

rivière
rivière
sable
sable

→ parcours imbriqué lecture par strates

Fragment 8  

Mot unique

ouvert

Fragment 9 

Répétition progressive

Ryrkaïpii… Ryrkaïpii… Ryrkaïpii…

→ le nom 

devient paysage intérieur

Fragment 10 

Page vide ou presque

.
→ pause

respiration horizon mental

Fragment 11 

Déplacement diagonal

le vent
ne suit
pas le cours
des rivières
mais la ligne
de ton regard

Fragment 12 

Écho inversé

galet → galet
vent → vent
val → val

→ lecture circulaire mémoire du lieu

Fragment 13  

Pliure imaginaire

le sol 

se replie sur lui-même

les montagnes se chevauchent

les vallons se croisent

→ perception spatiale en mots

Fragment 14 

Fragmentaire continu

chaque pas devient orientation
chaque souffle devient géographie
chaque regard devient langue
chaque mot devient rivière

Fragment 15 

Spirale finale

début → avancer → détour → se perdre → revenir → 

Ryrkaïpii → ↺

Principe du labyrinthe de Ryrkaïpii 

le lecteur peut naviguer par fragments 

sauter revenir se perdre

Le territoire est mental et verbal  

les mots deviennent collines rivières vallons et chemins

chaque page est un micro-paysage où l’espace 

la lumière le silence,

et le mouvement se traduisent en poésie