TON 618
n’est pas un objet
c’est une absence qui a appris à briller
au bord du temps observable là où la lumière arrive essoufflée
après dix milliards d’années de chute
il existe un gouffre si massif
que même les nombres y perdent leur voix
TON 618
un nom humain posé sur un vertige
un trou noir si vaste qu’il ne dévore pas seulement la matière
mais aussi nos intuitions sur
l’échelle la durée le sens
autour de lui
la réalité s’enroule comme un fleuve de feu
le gaz
la poussière
les étoiles défaites y tourbillonnent
chauffées jusqu’à devenir mémoire
incandescente
avant de disparaître
la matière crie en lumière
c’est cela le quasar
l’agonie lumineuse de l’univers
un chant de mort si puissant qu’il traverse les âges
pour atteindre nos yeux fragiles
TON 618
ne se déplace pas
c’est le cosmos qui glisse vers lui
son horizon n’est pas une frontière mais
une question sans réponse
là
le temps ralentit
s’étire puis abdique
ce qui franchit ce seuil ne meurt pas
cela cesse simplement
d’avoir un récit
il est plus massif que des milliards de soleils
et pourtant
il est vide
Vide
comme une idée ultime
Vide
comme le silence après la dernière pensée
dans son cœur
aucune explosion
aucun enfer flamboyant
seulement une densité absolue
une gravité si pure qu’elle courbe l’être lui-même
TON 618
est peut-être
une métaphore cosmique
la preuve que l’univers
malgré toute sa lumière est façonné par des abîmes
que ce qui domine n’est pas ce qui existe
mais ce qui attire
le centre n’est pas toujours
un lieu
mais
une perte
et nous
poussières conscientes
regardons ce monstre lointain et l’appelons par un nom
comme pour nous rassurer
mais
TON 618
n’a que faire de nos mots
il attend
il attend depuis toujours


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