on the road again
novembre
2025
recommencer à vivre librement
voyager
retrouver le mouvement de la vie et la musique
sur la route du Cormet d'Arêches avec mes amis
André Du Bouchet
avance dans la poussière du monde
la route c’est la page blanche qu’il traverse
le blanc qu’il respire
la marche devient phrase sans fin
elle bute s’interrompt reprend comme la langue haletante du vent
chaque mot posé est un caillou chaque silence une halte
la route n’est pas devant
elle est sous le pied dans le mouvement même d’avancer
le réel s’y défait et se refait dans le souffle du présent
le poète marche et écrit
pour se tenir dans l’air pour être là où rien ne dure
la route est ce qui demeure quand tout s’efface
une trace qui s’éloigne de son propre tracé
Arthur Rimbaud
déjà
marchait dans le feu des routes avec la bouche pleine d’espace
il voulait traverser le monde pour traverser le langage
la route chez lui c’est la brûlure
la fuite
l’éclat d’une vision qui s’échappe
il marche pour sortir de la parole
pour devenir ce qu’il voit et ce qu’il ne voit pas dans la poussière
il jette la poésie comme on jette son nom sur la terre ouverte
André Du Bouchet
lui reprend la marche
non pour fuir mais pour tenir
dans la lumière tremblée là où le mot
s’accorde
à la pierre au souffle
au froid
la route passe entre eux comme une ligne d’air
elle relie la révolte à la patience
Rimbaud déchire Du Bouchet respire
mais l’un et l’autre savent que le monde n’est pas derrière ni devant
qu’il est dans la marche nue
dans le pas qui cherche sans atteindre
dans la parole qui s’efface pour laisser passer la terre
ainsi la route n’est pas voyage
elle est présence
elle ne conduit pas
elle tient le poète dans la tension de l’inachevé
un passage sans fin
où le silence et le vent font signe au lieu des mots
*
chaussures sur la route
le monde danse sous mes pas
rire et vent s’élancent
chemins sans fin s’étirent
le souffle du matin m’accompagne
je vais où je vais
à nouveau sur la route
le ciel et la terre me suivent
mes pas tracent la vie

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