la poésie ne nous sauve pas
elle ne guérit ni le corps ni le monde
elle ne ferme aucune blessure mais
elle ouvre un passage dans la blessure même
elle fait vibrer l’air autour de la douleur et dans ce tremblement quelque chose demeure indemne une étincelle qui échappe au temps à la chute à l’usure des jours
la poésie ne sauve pas elle maintient vivant ce qui ne peut être détruit le souffle nu de la conscience le regard qui persiste quand tout s’efface
elle donne part à l’indemne
à ce fond silencieux d’où tout vient et où tout retourne
la poésie est comme ce grain de sénevé dont parlent les Évangiles elle semble peu de chose par rapport aux priorités économiques mondiales mais c’est elle et elle seule qui est capable de redonner vie à la parole c’est-à-dire de raviver les sources
source
commencement liquide du monde
là où la terre se souvient d’avoir été souffle
un lieu qui ne parle qu’en mouvement
et dont chaque goutte contient une origine

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