Jack Spicer est un poète américain né en 1925 à Los Angeles et mort en 1965 à San Francisco figure essentielle de la poésie de la côte ouest et du mouvement de la Renaissance de San Francisco il est connu pour son approche radicale du langage et de la création poétique qu’il considérait comme une dictée venue de l’extérieur plutôt qu’une expression personnelle son œuvre explore la communication entre le poète et une voix étrangère parfois perçue comme spirituelle ou extraterrestre il a travaillé en marge des institutions littéraires refusant les compromis et défendant une poésie pure de toute ambition commerciale ou mondaine ses recueils comme After Lorca ou The Heads of the Town up to the Aether mêlent humour mélancolie et métaphysique il a influencé profondément les poètes expérimentaux américains par son idée que les poèmes ne sont pas écrits mais reçus Spicer a vécu dans la pauvreté et l’alcoolisme mais son enseignement oral et ses conférences notamment les Vancouver Lectures ont marqué durablement la pensée poétique contemporaine il reste aujourd’hui une figure majeure du lyrisme expérimental et du mysticisme du langage
Lettre venue de loin
ce n’est pas moi qui parle
les mots arrivent comme des oiseaux fatigués
ils cherchent un fil pour se poser
le poème n’est pas une confession
c’est une radio mal réglée
le monde émet sur une fréquence que je capte mal
je traduis mal la pluie
je traduis mal les morts
je traduis mal l’amour
mais je traduis
les anges se moquent de moi
ils n’ont pas de bouche
ils soufflent à travers les trous du papier
le poème est un fantôme qui insiste
il veut naître sans nom
et mourir sans lecteur
ce n’est pas moi qui parle
c’est la distance qui utilise ma voix
le poème n’appartient pas à celui qui l’écrit
il passe à travers lui comme un message cosmique ou métaphysique

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