LAKE OF LOVE
la matière du langage
ploie
sous sa propre gravité
chaque syllabe
garde
une mémoire de roche
un poids d’origine dans la gorge du monde
le sens
n’est plus direction mais
sédiment
un dépôt de souffle
que l’on ne peut
soulever
tout poème
est
un éboulement lent
où le mot
finit par rejoindre
la pierre
il se tait lentement dans la bouche du monde
ce qui fut souffle devient densité
ce qui vibrait devient forme immobile
et pourtant
dans la pierre
dort encore le verbe
un battement minéral une mémoire d’écho
le langage
se souvient de sa matière
la matière du mot oublié

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